Omale

Omale

Omale : La métamorphose de Laurent Genefort ! Si l’expression peut paraître un rien provocatrice, elle n’est sans doute pas très loin de la réalité. En se libérant des contraintes Fleuve Noir (200 pages avec beaucoup d’actions) à qui il a donné quand même près de 20 bouquins, Laurent Genefort signe ici l’un de ses livres les plus ambitieux. Cette fois, fini l’exploration de son méta-univers (quoiqu’il y revienne vers la fin). Il a décidé de s’attacher à une histoire en huis clos loin des thèmes qu’il affectionne d’habitude (le Planète Opéra et le Space Opéra). Mais surtout, son récit est basé essentiellement sur ses personnages et leurs relations. Une démarche plutôt courageuse quand on sait que c’était jusqu’à présent son point faible même si le format qu’il était obligé de prendre n’y était sans doute pas étranger. En prime, il se permet même d’insérer dans son texte d’autres formes de vie que l’espèce humaine et d’ébaucher un croquis des échanges complexes entre les peuples.

Trois peuples et l’immensité devant eux…

Omale abrite, en plus des humains, deux espèces douées d'une intelligence supérieure. Si la place ne manque pas sur cette planète gigantesque, aucun des clans n’a su empêcher les multiples guerres qui ont déchiré les peuples. D’ailleurs, même si les conflits sont plutôt en baisse, de nombreux préjugés restent en vigueur, surtout dans les coins les plus reculés.

C’est dans ce contexte que six représentants de chaque espèce reçoivent un beau matin un billet d’aéronef et un étrange éclat de coquille d’œuf. Evidemment, ils acceptent tous la mystérieuse invitation et se retrouvent en partance vers un lieu inconnu. Le voyage semble être une formalité lorsqu’une attaque de pirates les bloque sur une partie du navire et les sépare de la nef principale. Coup de bol, ils sont ensemble et leur embarcation de fortune semble voler. Manque de chance, sans moyen de se diriger ni de se localiser, ils sont condamnés à dériver au-dessus d’un des océans d’Omale pendant plusieurs mois.

Le huis clos commence. Chacun ayant trop de choses à cacher pour tout avouer d’emblée à ses petits camarades, nos six naufragés des airs mettent sur pied une règle simple et efficace. Quiconque perd au tournoi du jeu de société qu’ils organisent doit en pénitence raconter les circonstances qui l’ont amené sur le vaisseau. Ils espèrent qu’en confrontant de cette manière leurs parcours, ils en découvriront un peu plus sur les raisons de leur réunion. Et bien sûr, chacun a le secret espoir de gagner pour ne pas se livrer. Ca tombe bien, ils ont tout leur temps pour jouer et causer. De toute façon, ils ne peuvent pas faire grand chose de plus.

Hypérion ?

Même si cette situation n’est pas sans rappeler le début d’Hypérion de Dan Simmons ("on a un long voyage à faire donc on se raconte nos vies"), Laurent Genefort introduit une dimension supplémentaire en mélangeant les origines de ses protagonistes. Une telle manip lui permet d’explorer leurs relations et les échanges culturels entre les peuples. Bref, il donne ainsi un peu plus de richesse à son récit. Au final, l’ensemble est plutôt agréable. L’introduction de ce qui peut être considéré comme de petites nouvelles allège le roman et nous pousse à le dévorer. De plus, ses personnages sont attachants et plutôt bien dépeints. Si on ajoute une histoire classique mais rudement efficace, on peut dire qu’Omale est une belle réussite. Ce roman est une pierre angulaire dans la carrière littéraire de Laurent Genefort. Depuis, il a publié Les Conquérants d'Omale, roman indépendant se situant dans le même univers, tout aussi bon, si ce n'est meilleur, que celui-ci. A découvrir donc, si ce n'est pas encore fait.