L'Ecole des désactivateurs
Les deux premiers tomes de Dusty Dawn (L'Héritage maléfique, première et deuxième parties) formaient un tout cohérent dans lequel Dusty et ses deux compères démonicomiques (Hovie le balèze et Harvey l'insupportable gandlin) s'ébattaient pour faire disparaître les démons et récupérer un manuscrit magique. Première production d'une paire d'auteurs nourrie à la dynamite, Dusty Dawn a su trouver un public fan d'action et d'humour potache (de peinture). Une fois la tempête Van Nuithen passée, nos désactivateurs de monstres cèdent à une forme d'entreprise oisive en ouvrant une école de désactivateurs. Un virage à 180° qui va en laisser plus d'un sur le carreau...
"Ha! tu aimes les chamallows"
La retraite prématurée à laquelle goûtent Dusty Dawn et ses associés semble faite pour durer. Toute la pègre et les démons de Néo-Callisto croupissent derrière des barreaux. Tous? Oui mais pas pour longtemps: un certain Stolz et cinq acolytes ont trouvé le moyen de s'évader de l'asile de Zorg. Qu'à cela ne tienne, Dusty a d'autres chats à fouetter: il est désormais un homme d'affaires. Et rentables les affaires puisque user de sa réputation pour recruter des candidats à son école de désactivateurs lui assure d'en mettre un maximum à gauche. C'est sans compter sur sa capacité à catalyser les emmerdes: outre que Harvey se révèle un instructeur insupportable et libidineux, Dusty doit également affronter une école concurrente dans une joute télévisuelle. Un rendez-vous que Stolz et ses malfrats ne manqueraient sous aucun prétexte et qui risque de sonner le glas des rêves de grandeur de notre néo-businessman.
Croisement malheureux entre Police Academy, Running Man et les X-Men
Mais où va-t-on là ? J'ai d'ordinaire un respect tout religieux à l'égard des auteurs de bande dessinée (ne serait-ce que le respect de ceux qui savent manier le crayon et la plume), mais j'avoue que ce genre de série me hérisse la tonsure. La pléthore de monstres -du canard cowboy au bonhomme de neige très, très méchant- fait à peine sourire. Au contraire, les six méchants de l'épisode n'ont rien d'original: un homme élastique, un maître des illusions, un gros méchant tatoué, un équarrisseur ahryen, un manieur de massue et une sorcière vaudou, bref, rien que du revu et du archi-revu. A l'exception de quelques réparties bien pesées: "Nos fuyards ont le temps de voir Freud se réincarner en tache d'encre avant que ce cher commissaire ait la moindre piste", l'humour de la série atteint rapidement les bornes des blagues universitaires. On a l'impression de se trouver devant un croisement malheureux entre Police Academy, Running Man, et les X-Men. Bref, tous les poncifs de l'humour de bande, de la S-F bon marché et du easy watching, sont exploités dans ce volume qui brille par son manque total d'intérêt. Les personnages principaux ont perdu toute saveur: le passé étrange de Dusty Dawn a disparu aux oubliettes, tandis que la présence et la volubilité de Harvey sont des plus exaspérantes. Ces messieurs Alvès et Bournazel savent faire mieux, ils l'ont déjà démontré. En attendant, lisez simplement autre chose.