Mósa Wòsa

Mósa Wòsa

Nathalie Le Gendre est l'auteur de Dans Les Larmes de Gaïa. Ce premier roman, édité lui aussi dans la collection Autres Mondes, a rencontré un vif succès auprès des jeunes lecteurs. Sélectionné pour l'Été du Livre 2004 à Metz, ce roman, ode à la liberté, abordait déjà des thèmes difficiles. Avec Mósa Wòsa, Nathalie Le Gendre nous offre un magnifique roman, une leçon sur la vie et la mort, pleine d'émotions et surtout... d'espoir.

Frères ennemis

Dans un futur post-cataclysmique, des parcelles de nature ont miraculeusement survécu aux affres du climat. Les Indiens ont décidé de retourner à leurs origines et sont partis vivre dans ses rares oasis, renouant ainsi avec leurs traditions. Les blancs ont préféré se terrer dans des mégapoles ultra-modernes, les TechnoCi_T et se contentent d'une vie superficielle avec un climat tout aussi artificiel que leurs loisirs.

Mósa est un jeune métis indien-blanc. Sa mère est morte en couche, tandis que son père est reparti vivre dans sa TechnoCi_T. Ainsi, le jeune indien a été élevé par son grand-père maternel. Mósa décide de partir à la rencontre de ce père inconnu... Arrivé à la TechnoCi_T, celui-ci l'attend avec une surprise des plus déconcertantes: Wósa, son frère jumeau.

Wósa est un jeune punk, xénophobe et aigri par la vie. Atteint d'une maladie incurable, il n'est que haine et douleur. L'arrivée de son frère n'est pas pour arranger les choses. Il voit en lui un remplaçant auprès de son père... La confrontation entre les deux frères est dure et douloureuse. Mósa, sensible à l'état de son frère, est impuissant face à la maladie et à la haine qui le ronge. Les choses se compliquent lorsque Mósa découvre que Wósa est, en fait, son clone. Seul lui est capable de le sauver... Mais comment faire accepter à Wósa cette vérité...

Un roman surprenant en de nombreux points

Mósa Wòsa est un roman intense de par les émotions et sentiments qui s'y bousculent, mais aussi un livre dense à travers tous les thèmes abordés. Clonage, racisme, nature, liberté... autant de thèmes qui se mélangent dans une harmonie déconcertante. Vouloir aborder des sujets forts peut sembler irréaliste et pourtant, l'auteur y parvient sans peine. L'intrigue se déploie avec fluidité et chaque élément se met en place petit à petit.

Le talent de Nathalie Le Gendre? Savoir jongler entre une histoire qui tient la route et les émotions de ses personnages. Déjà, Dans Les Larmes de Gaïa, elle montrait une maîtrise de l'intrigue et affichait une volonté de bousculer le lecteur.

Ici, avec Mósa Wòsa, on ressent une maîtrise encore plus grande de cette capacité. Les personnages sont déroutants et on ne peut que s'attacher à eux : Mósa complètement impuissant devant la maladie de son frère, agoraphobe et claustrophobe, ne supportant pas cette vie ultra-moderne loin de la nature, Wòsa rongé autant par la maladie que par la haine et abandonné par tout espoir, le père incapable d'exprimer ses sentiments et qui, découragé par sa vie, oublie qu'il peut encore changer les choses.

Ce roman bouscule le lecteur, l'interpelle et on ne peut rester indifférent à cette rage de vivre qui apparaît chez les deux frères. Sans tomber dans les clichés ou la futilité, Nathalie Le Gendre offre aux lecteurs un message d'espoir à travers les pages de son livre : Qu'est la vie sans la mort ? Et pour vivre, il faut se battre. Mósa Wòsa est un roman dur, qui vous remue les tripes, mais c'est aussi un formidable hymne à la vie et à la liberté.