charlotte
- le 31/10/2017
Un Jeu cruel
Jean-David Morvan est un scénariste connu et plébiscité par le public. Il multiplie les coopérations fructueuses avec nombre d’auteurs et notamment de jeunes talents. Il affectionne particulièrement la science-fiction en bande dessinée comme en littérature. Il a d’ailleurs connu le succès avec une série de S-F, une des meilleures dans le paysage actuel, Sillage (Delcourt) dont les dessins sont assurés par Buchet. Il rencontre Sebastian Carillo, dit Bachan, à l’occasion des 6ème rendez-vous de la bande dessinée à Amiens. Ce dessinateur mexicain de 33 ans, inconnu en France, a déjà une longue carrière derrière lui. Il a réalisé nombre de comics dans son pays natal avant d’en dessiner pour la maison d’édition américaine DC Comics : les tomes 1 de Justice League Giant et Doom Patrol. Il publie, écrit, dessine et met en couleurs le mensuel El Bulbo et travaille en parallèle comme Directeur Artistique.
Un huis-clos en plein espace
2976, les casques bleus doivent pacifier la planète Nève-RiKoSSe sur laquelle les humains et les autochtones, les Pètzétatis-Qcouzinaz, se livrent une guerre sans merci. Pour ramener un peu d’ordre les soldats de l’Organisation des Planètes Unies font un exemple en condamnant à mort un extrémiste humain, le capitaine Nirta Omirli. Le peloton d’exécution est dirigé par l’amiral Danyel Hammarskjöld. Quelques heures avant de passer à l’an 3000, le vaisseau DCT Leomann transportant les troupes de pacification est détruit par des missiles tirés depuis la planète Nève-RiKoSSe. Sur les 13 622 casques bleus endormis par cryogénie, il ne reste que six survivants : cinq femmes et un homme, l’amiral Hammarskjöld. Le seul moyen de s’échapper est une petite navette mais problème, il n’y a que cinq places.
Une bande dessinée dont on peut aisément se passer
Pour une déception, Nirta Omirli en est une ! Comment Morvan a-t-il pu se fourvoyer à ce point ? L’univers qu’il met en place n’est pas convaincant : le contexte est à peine esquissé bien que l’on devine qu’il est complexe. Il préfère apparemment se concentrer sur un huis-clos étouffant en plein espace. Les auteurs s’en sortent alors plutôt mal, à aucun moment le lecteur ne se sent concerné par le sort des six protagonistes. La tension est censée monter mais elle est difficilement perceptible, peut-être à cause des dialogues creux - et parfois inexistants - et des cases de Bachan beaucoup trop larges pour que l’on ait une sensation de suffocation et de pression. Certes, il y a de bonnes trouvailles et l’idée de départ nous donnait l’eau à la bouche. Le contexte de semi-pacification, avec comme guide de la résistance le personnage de Nirta Omirli, dont on ne sait combien de clones il possède, était pourtant prometteur. Pourtant ce tome d’exposition est long, froid et l’ensemble de la bande dessinée a du mal à décoller. Pour une intrigue centrée sur les personnages, il est dommage que le dessinateur Bachan ne parvienne pas à leur donner une vraie consistance. Détail révélateur de ce premier tome bâclé : page 21, case 3, les bulles sont inversées et la conversation des deux jeunes femmes ne veut plus dire grand chose. Bref, il n’y a que la couverture qui soit attrayante dans Nirta Omirli.