La Forteresse en péril

La Forteresse en péril

Dans le petit monde de la littérature jeunesse anglo-saxonne, Brian Jacques est un véritable phénomène de société. Aujourd'hui, auteur d'une série au succès incontestable (visitez le site du fan club de Rougemuraille, attention c'est en anglais), sa personnalité et son passé sont également dignes d'un scénario de roman d'aventure. Tour à tour, baroudeur, journaliste et laitier, il a imaginé (dit-on) le monde de Rougemuraille à destination d'enfants aveugles à qui, il racontait fréquemment les aventures de souris, écureuils et autre loutres qui peuplaient les murs de sa fabuleuse forteresse. Histoire trop belle ? Peut importe ! Toujours est-il que la sortie d'un nouvel épisode de cette série est à chaque fois un événement pour ses nombreux fans.

Cannes et dentiers parés au combat chef !

La forteresse de Salamandastron est célèbre dans le monde entier pour son armée de lièvres coureurs de fond. Mais depuis quelques temps, le respecté seigneur Blaireau Pattedepierre qui, comme ses ancêtres avant lui, la dirige, est inquiet. Il n'est pas dupe: lui et ses lièvres de soldats ont vieilli, la troupe ne compte plus guère de bleusaille et sera donc immanquablement en position de faiblesse en cas d'attaque. Et c'est justement ce qu'il se produit. Le redouté Tranchkol Perceboyaux, infâme chat sauvage à la tête de la plus grande armée de vermines que l'on n'ait jamais vu, est décidé à s'emparer de la place forte. Ce n'est d'ailleurs sûrement pas le minable petit groupe de grabataires y vivant encore, qui s'y opposera. Tranchkol attaque donc, sûr de sa victoire, seulement troublé par l'étrange rêve qui le poursuit depuis quelques temps: chaque nuit, un jeune et terrible seigneur Blaireau l'égorge au plus profond de ses rêves

Pattedepierre quant à lui, se raccroche au seul espoir qu'il lui reste: il a mandé Vifagil, son plus fidèle compagnon, de mener la dernière et plus importante course de sa longue vie. Le vétéran doit ramener coûte que coûte toute l'aide qu'il pourra trouver à l'extérieur pour ne pas laisser la forteresse et ses habitants aux pattes du mal.

Encore mieux que les précédents !

Un nouvel épisode de la série Rougemuraille s'attaque toujours avec un sentiment mêlant intimement enthousiasme et crainte. Enthousiasme parce que l'on sait qu'on va y retrouver tout ce qui nous fait craquer depuis la première fois: les fabuleux banquets, goûters, pique-niques, festins, collations et autres bonnes occasions de régal des habitants du petit monde, les habitants eux-mêmes, leur parler, celui des vermines, les bout'choux et l'ambiance générale de ce fabuleux bestiaire médiéval.

Crainte aussi, car on a toujours un peu peur que cet enthousiasme des retrouvailles ne soit pas suffisant pour nous tenir en haleine tout au long de ce gros pavé. Et on a bien tort ! Car en réagissant comme ça on oublie l'essentiel de ce qui constitue la série des Rougemuraille : le souffle épique que devraient envier bien d'oeuvres fantasy pour adultes! Cette fois-ci, les héros de La Forteresse en péril ne mettent pas une seule patte à la forteresse de Rougemuraille. La trame générale de l'histoire reste la même: deux jeunes et turbulents "adolescents" vont réaliser un long et agité voyage initiatique ayant pour but la préservation d'une des grandes places du "monde libre" des pattes des infâmes vermines. C'est peut être simple, manichéen et bourré de politiquement correct, mais c'est extrêmement bien fait. Certes, cela s'adresse à des enfants mais cela a le mérite de refaire chausser du "12" à n'importe quel lecteur qui s'en emparre.

Le seul conseil à vous donner, si vous ne connaissez pas encore cette fabuleuse série est de vous plonger d'abord dans les premiers épisodes de celle-ci. Non pas que la lecture chronologique soit nécessaire à la compréhension, mais la qualité des épisodes allant croissant (et partant en plus d'un extrêmement bon niveau), mieux vaut préserver la magie de la découverte.