BD
Photo de La Clé du temps

La Clé du temps

Denis-Pierre Filippi (Scénariste), Christelle Moulart (Coloriste), Sylvio Camboni (Dessinateur)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 31/10/04  -  BD
ISBN : 9782731662979
Commenter
Laurent   - le 31/10/2017

La Clé du temps

Le premier tome de Gargouilles: Le Voyageur de Denis-Pierre Filippi et Etienne Jung a connu un vrai succès commercial et critique. Un succès retentissant pour la toute jeune collection des 3 Masques des Humanoïdes associés, dédiée à un public plutôt jeune (ou ayant gardé un regard d’enfant, je dirais pour ma part…). Filippi, scénariste heureux des Contes et récits de Maître Spazi dans la même collection, mais aussi du Livre de Jack et du Livre de Sam, s’est, cette fois, associé à un nouveau venu de la bande dessinée francophone, un dessinateur originaire d’Italie: Camboni, qui a travaillé jusque-là pour les studios d’animation Disney outre-Alpes. Néanmoins, le deuxième tome risque de décevoir ceux qui s’étaient réjouis comme moi à la lecture du première opus. Explication de texte…

« Allons bon! Ca recommence les trucs qui vont de travers! »

Horreur: la collégiale, le lieu magique qui abrite notamment Phidias et une partie des amis fabuleux de Grégoire aurait un jour été détruite! Une destruction contre laquelle Grégoire se doit absolument de faire quelque chose: usant de son talisman pour repartir au 17ème siècle, il réalise un peu tard que la destruction du monument est pour… tout de suite.

Et comme un malheur n’arrive jamais seul: le chat-muse, le gardien de la dernière porte défendant l’accès à la magie blanche, s’est fait la malle et risque de tomber sous la coupe de la tante Aglaé et des redoutables Zix. Et avant de se lancer à la poursuite du chat-muse, Grégoire doit impérativement mettre la main sur la clé enchantée qui lui permettra d’entamer sa formation de mage. Si seulement Grégoire pouvait compter sur des alliés pour lui venir en aide? Et si la belle Edna, elle aussi douée pour la magie, était cette alliée? C’était sans compter sur la généalogie d’Edna qui en fait la cousine de Grégoire et par-là même… la fille de la tante Aglaé. Grégoire pourra-t-il seulement lui faire confiance, ramener le chat-muse et sauver la collégiale de la destruction?

Un projet qui sent vaguement l’inabouti

Sous ses faux airs de copie conforme, ce deuxième tome de Gargouilles n’est pas nécessairement une bonne surprise. Semblant reprendre à son compte les bons points du Voyageur, ce deuxième épisode hésite perpétuellement entre refaire la même chose ou faire franchement autre chose, ce qui a pour conséquence majeure de plonger le lecteur dans l’embarras face à un projet qui sent vaguement l’inabouti.

Entre les difficultés de Grégoire dans le temps présent, sa faible assiduité aux cours dans le passé, ses devoirs de formation à la forge, son emploi du temps de futur mage est pour le moins compliqué à suivre. Une profusion rendue encore plus pénible par l’absence de fil directeur clair et net ; non pas que j’aime qu’on me prenne par la main (encore que…), mais je déteste qu’on me balance des planches à la figure avec l’air de dire: allez-y, régalez-vous. Autant dire que ce volume part un peu dans tous les sens: une clé à retrouver, un chat à capturer, de multiples pérégrinations de Grégoire et Edna au temps des mages, sous l’eau, tout cela est certes pittoresque, mais entretient surtout l’ambiance chaotique de ce volume, à tel point qu’on a parfois l’impression que les planches successives sont extraites d’histoires complètement différentes… Une sorte de best-of virtuel dépourvu de toute lisibilité: Un cauchemar. En plus de cela, certains éléments narratifs sont juste incompréhensibles: le coup de Grégoire qui perd la plume d’Alice sans perdre pour autant la capacité de voler ni celle d’être invisible, passe encore, mais dans ce cas pourquoi prendre autant de soin à nous convaincre de l’importance de la-dite plume? Idem pour la clé que Grégoire a tant de mal à récupérer, mais que sa magie lui permet de copier aussi simplement que s’il avait claqué des doigts...

Du côté du dessin, sans noter de véritable révolution, les caractéristiques du trait de Camboni se démarquent assez clairement de celle de son prédécesseur. Plus « dessin animé », encore plus proche du générique de Ma Sorcière bien aimée, le dessin de Camboni est plus simple. Une simplification parfois outrancière, notamment au niveau des couleurs qui n’arrivent pas à la cheville de celles du Voyageur dans le traitement de l’épaisseur. La mise en couleurs est très cartoonesque, mais un peu grossière, aussi bien au niveau des personnages, que dans les paysages (il suffit de comparer la première planche des deux tomes pour s’en persuader). Sans remettre en causes ses qualités propres (dont une sacrée dose d’énergie), le dessin de Camboni n’égale celui d’Etienne ni dans la composition ni dans le traitement des perspectives. Ici, c’est le règne en deux dimensions, sans profondeur, d’un trait sans surprise. Le choix d’une forme de consensualité, des « à-plat » tout en souplesse et sans beaucoup de saveur, qui n’auront pas fait que des heureux, et je suis indéniablement de ceux-là.

Genres / Mots-clés

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?