Le Visage du mal
Né à Londres en 1969, Tim Lebbon écrit des histoires depuis son enfance. En 1994, une de ses nouvelles est publiée dans un magasine et trois ans plus tard paraît son premier roman
Mesmer. Depuis une douzaine de livres sont sortis chez différents éditeurs anglo-saxons et Tim Lebbon s’est lancé dans l’écriture à plein temps...
Si vous voulez en savoir plus sur cet auteur britannique reconnu dans sa patrie mais jusqu’ici ignoré en France, vous trouverez des infos sur son site en anglais :
http://www.timlebbon.net.
« La mort est un mensonge, et la vie sa plus grande contre-vérité » A leur retour de vacances, Dan, Megan et Nikki prennent un auto-stoppeur. Mais la présence de cet homme jette un froid dans la voiture bien pire que celui que le blizzard a installé dehors. Quand l’homme réclame un peu de leur temps, Megan, mal à l’aise, prie l’inconnu de sortir... Il disparaît dans les bois mais la nuit suivante des traces étranges apparaissent. Le mystérieux auto-stoppeur qui dit s’appeler Brand reste dans les parages. Dan va être confronté à sa culpabilité de n'avoir pas pu empêcher par le passé l'agression de sa femme. Celle-ci lutte pour garder intacte sa volonté de pureté. Quant à Nikki elle découvre qu'une relation amoureuse peut prendre un tour violent. Tous les trois ne sont pas au bout de leur calvaire car ce qui assurait jusqu'ici leur équilibre est menacé par une puissance de destruction qui a le visage de Brand...
Psychoses étrangement dosées La puissance maléfique à l’œuvre dans ce roman se sert des psychoses ou des fantasmes un peu honteux des personnages pour les détruire. Du coup, l’effet sur le lecteur est tributaire de ce procédé. Si ses hantises les plus enfouies coïncident avec celles des personnages, la description des supplices qu’ils endurent en devient d’autant plus insupportable. Le point culminant des épreuves des personnages est un rien exagéré du style cumul des épreuves des héros pour en souligner la bravoure et sa capacité à en s’en sortir malgré tout. L’intrigue tourne un peu en rond mais ce côté cyclique renforce l’impression d’acharnement de Brand sur la famille.
L’alternance entre l’intrigue principale et les pages du
Livre des mensonges est assez habile. Ce Livre d’une rhétorique très travaillée donne plus de poids à Brand puisqu’une fois que celui-ci est mort, ses paroles et pensées restent consignées dans ce livre. Comme ces réflexions sont adressées à un « vous » imprécis, elles renforcent l’effet sur l’esprit du lecteur et leur cynisme relativise les exagérations de l’histoire et ses basculements. Les menaces qu’elles suggèrent par leur côté généralisant sont à même d’accueillir davantage les peurs de chacun et de déstabiliser par les remises en cause de nos concepts manichéens et rassurants.
Le « un peu de temps » que nous réclame ce livre n’est pas trop mal employé, on y trouvera selon ses goûts (et ses dégoûts !) des sensations fortes dont on se remet instantanément ou un malaise plus diffus, plus insinuant.