BD
Photo de Fun-House

Fun-House

Eric Omond (Scénariste), Rôcé (Dessinateur, Coloriste)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 28/02/05  -  BD
ISBN : 2749301564
Commenter
charlotte   - le 20/09/2018

Fun-House

Le scénariste Eric Omond réalise sa première bande dessinée à six ans ; c’est ce que l’on appelle une vocation. A la fois diplômé des Beaux-Arts de Cherbourg et de ceux d’Angers, il réalise au cours de ses études des porte-folios, des estampes et participe à des expositions organisées par la DRAC. Aujourd’hui, en plus de son travail de scénariste, il participe à l’animation d’ateliers pour enfants durant lesquels il fait découvrir sa passion pour la bande dessinée et dispense des cours d’arts plastiques aux Beaux-Arts d’Angers. Mise à part, sa série Hard Core Lycée (Glénat) qu’il réalise seul, il ne met jamais en cases ses histoires, préférant se concentrer sur l’élaboration de scénarios. Son univers assez éclectique fait qu’on le retrouve dans le rayon jeunesse de la bande dessinée avec Toto l’Ornithorynque (Delcourt) avec Yoann, et dans des genres aussi différents que les récits de piraterie, Sang et encre (Delcourt), la science-fiction, Mort Linden (Delcourt) ou bien encore des one-shot fantastique et poétique, Le Dérisoire (Glénat). Pour cette nouvelle série il collabore avec le tout jeune dessinateur Rôcé dont Ecarlate est la première bande dessinée publiée en France.

”Pourquoi l’avoir suivie ? Aucune idée… Sans doute que je n’avais rien de mieux à faire d’ici les dix prochaines années »

Parfois il faut laisser son passé loin derrière soi, tout quitter parce que l’on a été chassé de sa planète d’origine et tenter de recommencer sa vie ailleurs. C’est ce qui arrive à Sparte, une sorte de colosse qui porte désormais le nom de sa planète d’origine, et qui débarque clandestinement sur Athéna. Sa nouvelle vie d’exclu n’est guère affriolante : trouver un job d’ouvrier est simple, il y a toujours besoin de bras pour les basses œuvres et s’abrutir le soir accoudé à un comptoir. Alors qu’il est en train de siroter une bière dans un bar pourri, son regard est attiré par une jolie jeune fille. Sa peau est couleur sang, voilà sa première rencontre avec Ecarlate. Pourquoi la suit-il ? Pourquoi l’aide-t-il à défendre un simple clone ? Dans tous les cas, sa vie vient de prendre le plus inattendu des tournants, lorsqu’il découvre avec la jeune femme qu’un club de jeunes citoyens s’en prend volontairement à des clones.

Dans cette ville malsaine, rouillée et bétonnée, une fleur d’humanité pouvait-elle encore pousser ?

Pour un premier tome, ça déménage fort ! Rôcé et Omond ont concocté une histoire à vous couper le souffle. Leur album débute in media res et pas une seconde n’est perdue en présentation, le lecteur ne saura donc rien du passé des personnages qui n’existent que dans le présent et dans l’action. Pourtant les deux héros ne manquent pas de charisme. Sparte, une sorte de colosse qui se transforme en bête féroce dès que la colère le submerge (on hésite entre le loup-garou et Hulk), et Ecarlate, un joli brin de jeune fille moins douce qu’il n’y paraît et qui, par miracle, a gardé une éthique dans ce monde de brutes. Tous deux vont découvrir un club bien particulier : des jeunes citoyens prêts à tout pour s’amuser un peu, « des riches qui se plaisent à priver les pauvres du peu qu’ils possèdent » et qui prennent leur pied en mettant à mort des clones. Bienvenue dans un monde d’horreurs et de cruauté gratuite, de tortures et de meurtres, de snuff-movie et de haine. Comme toile de fond, les auteurs peignent une société sur le modèle des cité-états antiques avec ses citoyens et les autres, les métèques ou les esclaves clones qui n’ont droit à rien. La planète décrite est digne des plus grandes villes de SF. Tout y est sale, du béton à perte de vue, une « cité-planète » sans frontière qui semble s’étendre à l’infini aussi bien horizontalement que verticalement.

Un bon premier tome à suivre

La narration est l’un des points forts de l’album. L’histoire est racontée à la première personne par Sparte, et découvrir ses pensées permet au lecteur de ne pas céder à la tentation de l’assimiler à un bourrin de premier ordre. Certes il a le physique de l’emploi, mais il y a un petit cœur qui bat sous ce cuir endurci. Le dessin violent de Rôcé se fait l’écho de cette sombre histoire et les couleurs sordides et ternes s’accordent avec le ton noir du récit. La réflexion sous-jacente sur le statut des clones, humains ou objets, est l’un des thèmes nouveaux de la science-fiction et il est intéressant que la bande dessinée s’octroie également le droit d’y réfléchir même sous couvert d’une intrigue plutôt classique. Un bon premier tome donc dont on attend la suite avec intérêt.

Genres / Mots-clés

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?