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Neolibertalia

Fred Blanchard (Dessinateur), Fred Duval (Scénariste), Fabrys (Coloriste)
Aux éditions : 
Date de parution : 30/04/05  -  BD
ISBN : 2847890181
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charlotte   - le 31/10/2017

Neolibertalia

Le co-responsable du Label Série B - dont Delcourt fête en ce moment les dix ans d’existence -, Fred Blanchard, se sépare de son fidèle acolyte, Olivier Vatine, le temps d’un album. A eux deux, ils ont lancé plusieurs séries dont Travis et Carmen Mc Callum scénarisées par Fred Duval et les albums parallèles de Carmen + Travis, Les Récits qui orchestrent la rencontre des deux héros. Blanchard quitte son habit de directeur de collection et d’illustrateur pour prendre de nouveau ses crayons afin de concocter avec Duval un spin off de la série Travis avec, comme héros, l’un des personnages secondaires les plus intéressants Pacman, le génial hacker.

Bienvenue dans des mondes virtuels plus vrais que nature

Accoudé à un bar avec Travis, Vlad lui raconte l’une des missions de Pacman. Ce dernier voue une véritable adoration à ses tamagoshis, trois alausores et une grosse brachiosaure joliment appelée Samantha. Alors qu’il est en train de nourrir ses petits bébés, qui lui coûtent une fortune, dans un monde virtuel, son « Jurassic supérieur », il est attaqué par deux hackers, qui sont dans la réalité deux gamins orphelins. L’enguelade passée, les voilà devenus potes comme pas deux. Un groupe profite du fait qu’ils soient tous les trois branchés sur le réseau et sans défense pour les kidnapper. Dans le monde virtuel, une entité leur demande alors de trouver le site caché de Neolibertalia, une île perdue aux confins du réseau, afin de dénicher Bob Flanagan, dont la tête est mise à prix.

Il court, il roule, il est malin, c’est une pt’ite boule… qui n’a peur de rien !

Encore un spin off purement commercial direz-vous, une bande dessinée pas franchement réussie qui ne séduira que les fans de la série Travis et encore seulement ceux qui ont de l’argent à jeter par les fenêtres… Et vous passerez votre chemin, en étant fier d’avoir reconnu et résisté au grand Kapital. Et bien vous auriez tort car, une fois n’est pas coutume dans le monde des séries parallèles, Neolibertalia est un bon premier tome. Pourquoi ? Parce que les auteurs s’amusent et que leur plaisir est communicatif. Duval et Blanchard multiplient les délires graphiques et narratifs. D'ailleurs, le cahier graphique de huit pages de la première édition en est un bon exemple. Pour une fois, ce ne sont pas seulement des esquisses mises les unes à côté des autres mais un réel travail d’agencement, des blagues, des clins d’œil au lecteur… Au niveau narratif, dès que l’intrigue se complexifie, un Pacman miniature renseigne le lecteur en bas de page, une sorte de voix off mais plus en phase avec l’univers.

Graphiquement l’album est assez intéressant. Au lieu de se rapprocher du style réaliste de Christophe Quet, le dessinateur de Travis, Blanchard choisit de prendre le contre-pied et de simplifier son trait à l’extrême. Tant mieux, puisque ce n’est pas tant l’univers de Travis qui est ici au centre de l’album mais celui de Pacman, hacker de génie, qui se branche dès qu’il le peut sur le réseau pour entrer dans des mondes virtuels. Ainsi, les ambiances varient de l’ère jurassique à une reproduction d’un port du XVIIIème en passant par une maison et des personnages flashy à la Télétubbies. Les couleurs de Fabrys accentuent l’aspect jeu vidéo et l’irréalité des univers virtuels. Des mondes qui autorisent aux auteurs toutes les fantaisies, d’où des scènes plutôt drôles ou encore un côté volontairement design dans les dessins pour certaines planches.

Bien que l’entièreté de l’histoire se passe dans un monde virtuel, Duval parvient à faire monter la tension en utilisant le subterfuge du « Realdamage ». Ce kit de connexion spécial et extrêmement dangereux fait subir au corps de celui qui l’utilise les coups reçus lors de combats virtuels, un vrai engin sado-maso comme le dit si bien l’un des personnages. Cette trouvaille permet au récit d’avoir un véritable enjeu dramatique qui le densifie. Au final, c’est plutôt une bonne idée que d’avoir consacré un album au personnage de Pacman.

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