Fragile Créature

Fragile Créature

A bientôt 50 ans (il est né en 1957), Paul Chadwick n’est pas tout à fait un inconnu des amateurs de Comics en France. C’est lui qui a notamment réalisé Y, Le Dernier Homme publié également par les éditions Semic. Au cours de sa carrière, il a notamment travaillé sur Doctor Strange et sur les versions BD de Matrix et Star Wars. Mais son oeuvre la plus personnelle est sans aucun doute cet étonnant Concrete. Commencée en 1986, cette série dont il assume seul le scénario et le dessin lui a valu des nominations dans les catégories Meilleur Scénariste et Meilleur Dessinateur aux Harvey Awards en 1989.

Un géant de pierre

Enlevé par des extraterrestres, Ronald a été transformé en géant de pierre de près d’une demie tonne. Longtemps gardé au secret par les militaires, il est parvenu à finalement faire éclater la vérité sur son existence au monde entier. Reste que désormais se pose le problème de sa reconversion et de sa réinsertion dans le monde professionnel mais aussi dans la vie de tous les jours. Devenu Concrete, il trouve grâce à sa force exceptionnelle une place au cinéma...

Une approche originale.

Au lieu d’en faire un super héros traditionnel prêt à sauver le monde, Paul Chadwick a décidé de faire prendre à son histoire un tour beaucoup plus personnel. Les épisodes des extraterrestres et de l’armée rapidement évacués, il se concentre sur les problèmes de Concrete. Devenu un géant de pierre, celui-ci a du mal à retrouver une place dans la société. En accumulant les bourdes et les ennuis, il se trouve confronté à un manque cruel de confiance en lui. Quand d’une simple pression on peut casser un bras ou un mur, il faut avoir une attention de tous les instants pour ne pas devenir une catastrophe ambulante. Ce doute permanent ne le rend que plus humain à nos yeux, un peu comme une métaphore des timides maladroits un rien dépressifs. Rien que pour ça, ce comics mérite qu’on s’y attarde. Il possède pourtant deux gros défauts.

D’abord un scénario qui par moment s’enlise. Alors qu’il trouve un job dans le cinéma en intégrant l’équipe des effets spéciaux et des décors, Paul Chadwick s’attarde trop longuement sur les ennuis et les péripéties du film sur lequel bosse Concrete. Il ne nous en épargne aucun détail, s’éloignant de son sujet principal et étirant son intrigue en longueur jusqu’à l’ennui. Ensuite les dessins malheureusement font leur âge. Le manque de relief et le choix désastreux des couleurs ne rendent pas hommage au scénario. Une tendance qui s’aggrave dans le deuxième tome de la série. C’est dommage car Concrete reste un des comics les plus originaux que Semic ait publié jusqu’ici.