charlotte
- le 20/09/2018
Rio Diablo
Christophe Lambert a de nombreux homonymes (de l’acteur au publicitaire auteur de La Société de la peur), celui qui nous intéresse est un auteur jeunesse confirmé qui a fait sa première escale dans le roman adulte avec La Brèche publié au Fleuve Noir. Son domaine de prédilection en jeunesse est la science-fiction, genre de son premier roman, La Nuit des mutants (Hachette) qui a remporté le prix Ozone en 1997. Depuis, il a écrit dans d’autres univers comme le polar ou le western avec ses Contes et récits de la Conquête de l’Ouest. C’est ce dernier genre qu’il reprend pour Rio Diablo et qu’il mâtine pour l’occasion de fantastique.
« Les esprits des morts sont libérés ! Répétait Tu-Tanka. Et je ne peux plus les contrôler ! »
Martin Pawley est délégué aux Affaires indiennes. Il se rend dans un petit village de la réserve de San Pedros afin de demander l’aide, pour résoudre une enquête, du vénérable Chaman Tu-Tanka. Après certaines réticences, ce dernier se laisse finalement convaincre et les deux hommes commencent leur long périple. Après avoir chevauché quelques jours, ils s’arrêtent dans la petite ville de Rio Diablo. L’hostilité palpable de ses habitants leur signifie ostensiblement qu’ils ne sont pas les bienvenus.
Une bagarre déclenchée, un homme tué et les voilà en prison. Tu-Tanka ne fait absolument pas confiance à la justice blanche, il commence alors en pleine nuit un rite indien. Leur compagnon de cellule l’interrompt avant que le Chaman n’ait pu le finir. Tu-Tanka horrifié leur explique qu’il ne peut plus contrôler les esprits des morts qu’il a réveillés. Une armée de zombies va bientôt envahir la petite ville de Rio Diablo.
Frissons garantis pour ce western fantastique
Imaginez une armée de morts-vivants se ruant sur une petite ville et contaminant tous ses habitants. Seuls quelques-uns en réchappent, Martin, le jeune délégué aux Affaires indiennes, le shérif, un braqueur de banque accro à la dynamite, un sourd-muet et son chien, une chanteuse de saloon et un enfant ayant perdu le même soir ses parents et son meilleur ami. Tout ce petit monde se retrouve barricadé dans la prison au centre de la ville de Rio Diablo avec une horde de zombies qui n’attend qu’une seule chose : goûter leur chair fraîche et vivante. Une bonne intrigue pour les jeunes lecteurs qui aiment jouer à se faire peur. Christophe Lambert fait doucement monter la tension dans la première partie du récit avant de laisser place à une action sans faille dans la seconde. Pas le temps de se reposer, nos héros vont devoir puiser dans leurs ressources pour garder leur énergie et leur raison face à ces horreurs dont les griffes et les dents déchiquettent tout être vivant se trouvant à leur portée.
Lambert s’inspire des films de western, n’hésitant pas à user de clichés (les bagarres au saloon, les gentils indiens qui vivent en communion avec la nature, la gracieuse fille obligée de chanter devant un parterre de brutes épaisses, le savant fou, un endroit assiégé…) pour mieux asseoir et rendre crédible son décor afin d’y faire intervenir l’élément fantastique : l’entrée en scène des zombies. Les personnages sont attachants et l’on suit leurs aventures avec enthousiasme, le jeune lecteur aura d’ailleurs tôt fait de s’identifier au héros Martin. Les descriptions pourront paraître assez gores aux adultes, qui liront d’ailleurs une réminiscence de Zombie de Romero dans certaines scènes notamment celles où les morts-vivants rejouent machinalement les gestes de leur vie antérieure. Mais les jeunes lecteurs sont habitués à ces images violentes par le biais des jeux vidéos. Une violence sans conséquence puisqu’elle est entièrement tournée vers des êtres mauvais. Que les parents se rassurent donc la morale est sauve, pour aller vite les gentils gagnent et les méchants perdent. Rio Diablo est un bon roman que les garnements dévoreront rapidement.