Amnésia
Béja est né dans les années soixante. Il va abandonner l’école pour se consacrer à sa passion du dessin mais va finir par y retourner avec ... l’école des Beaux-Arts. Béja a fait de nombreuses réalisations pour Métal Hurlant.
Nataël avant de devenir scénariste a fait des études en informatique et en sciences humaines.
Les deux hommes ont collaboré sur de nombreux albums dont la série Les Compagnons du Rêve (2 tomes chez Emmanuel Proust Edtions) et La Griffe du Hasard, tome 3 (Chez Casterman).
Bienvenue dans le jeu
Lors de la séparation d’avec sa femme, Alfred, dessinateur de BD à l’unique réalisation, se voit également éloignée de sa fille, Niébée.
Il décide alors de lui raconter sa vie au travers de planches de BD. Très vite, il lui confie qu’il se passe des choses bizarres dans son nouvel immeuble. Ayant pris contact avec sa voisine, Lizya Narling (qu’il mate par les fenêtres le soir pendant qu’elle se déshabille), celle-ci lui raconte qu’il y a une mystérieuse boite aux lettres dans le hall qui ne correspond à aucun appartement et qui porte le nom de Fantic.
Quelques jours plus tard, le jeune dessinateur découvre sur son trousseau une nouvelle clé. Cette clé est celle de la boite aux lettres FANTIC. Sa curiosité l’emporte. Il l’ouvre et récupère une lettre.
Mais le plus étonnant est que ce courrier lui est adressé et lui propose de participer au jeu qui semble impliqué l’ensemble de l’immeuble.
Une affaire à suivre...
L’intrigue de Fantic est assez dense. Jusqu’à la moitié de l’album, on est presque en huit-clos dans l’immeuble et d’un coup, après l’explication du jeu, débarquent un amnésique, des dealers, des prostituées, des flics et des filatures.
A la fin de l’album, on a beaucoup d’informations mais la ligne directrice nous est encore cachée.
Niveau dessin, l’album est un vrai régal. Le type de trait, les couleurs (tout dans les tons rouge, lie de vin pastels) nous donnent une impression de récit des années soixante démenti par des objets de la vie usuelle (ordinateur, téléphone portable...). L’alternance des cases rondes et carrées souligne l’action. Les personnages sont très expressifs au niveau des visages, grâce notamment à un joli travail sur les ombres. La façon de raconter l’histoire à travers des planches de BD du héros pour sa fille ou quand il s’adresse carrément à la photo de celle-ci est originale et amusante et embarque le lecteur du côté du jeune homme.
La première page de l’album nous dit “Ne cherchez pas à comprendre”. Alors, suivons ce conseil et attendons le livre II pour voir si le fil du récit se révélera à nos yeux et en attendant, profitons des dessins.