BD
Photo de L'Appel de Baïkonour

L'Appel de Baïkonour

Gess (Dessinateur), Fred Duval (Scénariste), Isabelle Rabarot (Coloriste)
Aux éditions : 
Date de parution : 31/10/05  -  BD
ISBN : 2847892419
Commenter
charlotte   - le 31/10/2017

L'Appel de Baïkonour

Nous connaissons déjà bien le scénariste Fred Duval et le dessinateur Gess. Le premier est à la tête d’une petite dizaine de séries dont plusieurs sont de nature science-fictive : Hauteville House, Travis et Carmen Mc Callum, et la série qui organise leur rencontre : Carmen + Travis, Les Récits. Le second, quant à lui, a commis une seule infidélité à son héroïne fétiche, le premier volume d’Ultima Parano paru il y a déjà trois ans.

Nous ne parlons pas souvent des coloristes, et pourtant leur travail est essentiel dans la réussite d’un album. Ce septième tome de Carmen est l’occasion pour nous de mettre en lumière Isabelle Rabarot. Cette dernière a fait une fac d’Arts Plastiques et se destine à être professeur mais sa rencontre avec Michel Plessix en décide autrement. Accompagnés de Dieter au scénario, ils signent un premier album avant que le trio ne se lance dans la série Julien Boisvert (Delcourt) avec laquelle ils se font un nom. C’est en 1989 qu’une seconde rencontre va bouleverser sa vie privée et sa carrière : Olivier Vatine. Depuis, Isabelle Rabarot a deux enfants et a réalisé les couleurs entre autres d’Aquablue (Delcourt), d’Arcanes (Delcourt) ou des westerns made in Delcourt : Adios Palomita, Gibier de Potence, 500 Fusils.

« Tu sais, tant que Maïakovski faisait joujou avec ses éprouvettes, çà ne gênait finalement personne ! On lui envoyait un tueur, de temps en temps, pour entretenir la pression, mais sans réelle conviction… »

Carmen est approché par Young, un ancien membre de l’ONU, qui lui demande d’éliminer un homme qui vit terré au cœur de la Sibérie, Maïakovski. Young lutte aux côtés de Raj Kapoor, que Carmen a aidé à libérer dans le tome précédent et qui défend la cause des EGM (Êtres Génétiquement Modifiés), ce dernier doit d’ailleurs faire une allocution en ce sens depuis le cosmodrome de Baïkonour. L’homme à abattre, Leonid Maïakovski, est une vieille connaissance de Carmen, elle est la seule à avoir pu s’extraire de ses griffes, et ne compte pas renouveler l’expérience. Elle refuse donc dans un premier temps cette mission plus que périlleuse. Pourtant, lorsqu’elle apprend que son amour de toujours, Russel, est la deuxième option de Young, elle ne cherche pas plus loin et se rend en Sibérie afin de le protéger.

« … Aujourd’hui, il se met à pisser plus haut que ses gènes… Alors on veut vraiment le buter ! »

Ce septième volume de Carmen Mac Callum est l’un des meilleurs de la série. Pas de temps morts, l’album est tout entier tourné vers l’action ce qui n’empêche pas Duval de densifier sa trame générale et d’imbriquer plus encore les deux séries Carmen et Travis, grâce notamment à l’intervention du directeur de Transgenic. Il distille également un peu de politique, comme dans le tome précédent, avec la révolte des EGM, on retrouve à leur tête Kapoor, l’homme aux six doigts, qui aspirent à être reconnus et à créer une nation indépendante.

Le personnage le plus réussi de l’album est sans aucun doute Leonid Maïakovski, nouvelle figure du savant fou après le Professeur Frankenstein et le Dr Moreau. Il est, comme de bien entendu, sans pitié et très méchant mais garde une sorte d’humanité fallacieuse assez bien vue, bien que son attirance pour notre superbe mercenaire soit un peu convenue. Quel bourreau des cœurs cette Irlandaise ! Du côté du scénario en général, eh bien le passage des 48 pages traditionnelles à cet occasionnel 54 pages est du pur bonheur. Les auteurs ont le temps de développer plusieurs aspect du récit et notamment de mettre l’accent sur la relation entre Carmen et Russel et sur les secrets que cachent ce dernier, qui d’ailleurs sont un coup de semonce pour notre héroïne.

Le dessin de Gess s’adapte au rythme de l’histoire et à son contenu. Il prend un plaisir évident à inventer cette ex-URSS en ruines et rouillée d’un réalisme étonnant. Si ce n’était les gadgets futuristes, on aurait le sentiment d’être dans un récit contemporain plus que dans une histoire de fiction prospective. Dernier atout de ce septième volume, Carmen gagne de plus en plus en humanité et ses larmes toucheront par leur pudeur et à coup sûr les nombreux aficionados de la série.

Genres / Mots-clés

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?