Le Cycle d'Orga
Max-André Rayjean, de son vrai nom Jean Lombard, a écrit dans de nombreux styles : Espionnage, romans policiers, Fantastique, scénarii pour différents magazines et bien sûr Science-Fiction.
Il y entra par le biais de la collection Anticipation chez Fleuve Noir avec un roman nommée attaque sub-terrestre. C’est à partir des Parias de l’atome qu’il connaît une certaine notoriété en gagnant le grand prix du roman de Science Fiction 1957 ; c’est son ouvrage le plus connu.
Le cycle d’Orga est son dernier roman. Celui-ci est complété par trois nouvelles : Le génie du fleuve, le mur de lumière, le grand exode.
Lutte en altitude
Tout débute dans un village de l’Altiplano, à l’ombre du CHUMBORAZADO (6310 m), dans la région de Quito. Pablo, colporteur, arnaqueur décide de continuer sa tournée des 3 ou 4 villages d’altitudes, tournée qu’il avait interrompu pour passer un peu de bon temps avec Mara la fille du chef du village où il s’est arrêté.
Mais, quand il se lève ce matin là, le ciel est parcouru de couleurs violettes, bleues, jaunes, rouges.
Assez effrayé, il décide de redescendre vers la vallée en emmenant Mana avec elle. Mais une barrière les empêche de passer et semble les
solidifier. Remontant laborieusement vers le village, il découvre que Jeff Mason, le docteur des cimes, est arrivé avec son hélico de la Croix Rouge.
L’arnaqueur et le toubib vont devoir lutter ensemble contre Orga, une chose qui semble vouloir assimiler la montagne et ses habitants…
Un style un peu trop Vieille France
Le combat entre les humains et Orga est écrit sous la forme d’un chapitre pour les humains et du suivant pour l’organisme qui tente de les absorber.
Cette organisation du roman permet de bien mettre en évidence les sentiments et les réactions de deux parties.
Les premières réactions des humains sont la peur et la crainte de quelque chose qu’ils ne puissent définir. Chez Orga, ce qui domine est l’incompréhension.
L’auteur humanise peu à peu Orga au fur et à mesure du livre où l’organisme découvre le doute, l’angoisse et finalement la peur qui semble être l’apanage des créatures pensantes.
A contrario, les hommes, plongés dans une situation de survie deviennent cyniques et lutte comme des robots dénués de sentiments contre la menace. Ils se déshumanisent confrontés qu’ils sont à leurs échecs successifs.
Le style de l’auteur, un peu Vieille France, donne trop d'importance aux personnages principaux ; il s’attarde assez peu sur les personnages secondaires, ce qui donne l’impression de silhouettes s’agitant sans but et n’existant que pour renforcer l’action des héros. En ce cas, le lecteur peut avoir du mal à s’identifier à ces pauvres gens qui se font digérer par Orga !
Cependant, même si c’est un peu toujours sur le médecin blanc que compte l’auteur pour sortir les villageois des problèmes, l’épaisseur des héros comme Mana et Pablo diminue l’impression d’un style d’écriture un peu coloniale.
Il y a trois nouvelles accompagnant le cycle d’Orga :
Le génie du fleuve se passe en terre d’Afrique, récit d’une époque passée où les noirs roulent des yeux, disent MISSIE quand ils s’adressent à un blanc et sont effrayés par ce qu’ils ne comprennent pas. Mais, qu’on se rassure, le blanc sagace s’en va les rassurer et les protéger… A lire de façon anecdotique.
Le mur de lumière et le grand exode sont de la S.F. pure et fonctionne comme le
cycle d’Orga : Des organismes qui aident ou détruisent leur hôte, l’Homme.
Le style est simple, direct parfois simpliste. Elles permettent de découvrir les thèmes cher à l’auteur.
Un Grand Ancien qui joue à la roulette russe
Bonne initiative de Philippe Ward de sortir ce roman d’un auteur qui a fait les grandes heures de la collection Fleuve Noir. La formule est sympathique car elle contient une biographie (assuré ici par Richard D. Nolane) et une bibliographie de l’auteur. Cela permet de mieux cerner les textes proposés.
Mais bon, Max-André Rayjean, même si on lui doit le respect dû à un Grand Ancien, n’est pas un grand écrivain loin de là. Son roman semble sortit d’une S.F. un peu suranné ce qui n’est pas sans évoquer certains films des années 60-70, une sorte de croisement entre
It came from outer space et un
2001, odyssée de l’espaceversion ORTF.
Les nouvelles, notamment le génie du fleuve, ne résistent guère à l’impact du temps : La confrontation au présent prend souvent des allures de roulette russe. A lire par curiosité et pour la formule roman et biographie.