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Radio Libre Albemuth

Philip K. Dick ( Auteur), Emmanuel Jouanne (Traducteur), Sébastien Hayez (Illustrateur de couverture)
Aux éditions : 
Date de parution : 31/12/05  -  Livre
ISBN : 2070309517
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Jerome   - le 31/10/2017

Radio Libre Albemuth

Né en 1928 aux Etats Unis, Philip K.Dick est considéré en France comme un auteur majeur de la Science-Fiction (alors que dans son propre pays sa notoriété est très relative). Une reconnaissance qu’il doit à quelques chefs d’œuvres du genre comme Ubik et Le Maître du Haut Château mais aussi à des adaptations réussies au cinéma comme Blade Runner, Total Recall, Paycheck et Minority Report. Et au-delà de sa bibliographie, sa vie elle-même a fasciné ses fans. Car Philip K.Dick n’était décidément pas un auteur comme les autres. Né avec une sœur jumelle décédée trois semaines plus tard et élevé avec une mère autoritaire, il commence à écrire à 14 ans avant d’être publié pour la première fois en 1952. Ensuite et jusqu’au années 70, c’est l’avalanche. Philip K.Dick enchaîne les romans et les nouvelles à un rythme de forcené, explorant inlassablement les questions sur la réalité et sur ce qui fait un être humain. Mais à partir du milieu des années 60, tout se détraque. Problèmes conjugaux, problèmes avec la drogue, problèmes avec le fisc, dépressions, tentatives de suicide... Dick sombre au fond du trou avant de se relever péniblement vers 1972. 1974 constitue un tournant pour le roman qui nous intéresse. Il commence à avoir des visions de couleurs tourbillonnantes, à l’impression d’une entité prenant le contrôle de son corps, écoute une radio qui marche alors qu’elle est débranchée... et une nuit il est frappé par un rayon rose dans sa chambre qu’il nomme VALIS (Siva en français). Des expériences mystiques qu’il met en scène dans ses romans SIVA et Radio Libre Albemuth, ce dernier écrit en 1975 et publié trois ans après sa mort en 1982.

Parano

Phil l’écrivain et Nicholas le disquaire sont deux amis inséparables. Aussi lorsque ce dernier commence à avoir des visions en pleine nuit, il n’hésite pas à en parler à Phil. Une entité semble lui parler et vouloir se servir de lui pour abattre le président des Etats Unis en place Ferris F.Fremont. Un jeu dangereux alors que la censure et la surveillance du peuple est à son maximum. Les agents des Amis du Peuple américains traquent toutes personnes ayant de la sympathie pour les communistes. Avec la mort au bout de leurs interrogatoires...

Recherche explications... cause expérience mystique.

Prélude à la fameuse Trilogie Divine qui désarçonna tant de lecteurs, Radio Libre Albemuth est un livre étonnant. Ecris en douze jours seulement après une réflexion de quatre années, Philip K.Dick mélange fiction et éléments autobiographiques en séparant son récit entre deux personnages. Il y a Phil, écrivain de SF, censé le représenter dans sa partie raisonnable et réfléchit et Nicholas, un autre lui-même, qui subit expérience mystique sur expérience mystique et qui cherche inlassablement à comprendre, quitte parfois à se tromper dans ses hypothèses et à émettre les idées les plus folles. Et à travers lui, où plutôt à travers eux, on sent l’auteur qui réfléchit également sur sa vie et sur le sens des événements qui lui sont arrivés depuis plusieurs années. Et c’est finalement ça qui est assez étrange. Il y a un côté sincère dans l’incompréhension de ses personnages et en même temps il fait preuve d’un recul sur lui-même et d’une autocritique non dénuée d’humour alors qu’on le sent, il nous dévoile là ses obsessions les plus intimes.

Dans ce jeu de miroir, on est assez loin de ses romans comme Ubik. Ici l’irruption du réel est plus brutale et la fiction pas toujours aboutie pour laisser la place à la biographie, quitte parfois à laisser le lecteur le cul entre deux chaises. Car s’il s’agit du livre le plus « accessible » de la fameuse Trilogie Divine, reste à savoir si le plaisir de la lecture est véritablement présent. Et c’est là que le bas blesse. En pleine recherche sur lui-même, Dick nous laisse un peu sur le bord de la route avec un style parfois heurté. On subit plus qu’on apprécie les grandes explications de Nicholas et ses délires paranos. Bref, s’il n’est pas dénué d’intérêt, on réservera Radio Libre Albemuth aux inconditionnels de Dick qui accepteront d’aller se perdre dans ses interrogations mystiques. S’il ne fallait en lire qu’un dans la Trilogie Divine, ce serait celui-là…

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