On connaît certes la prédilection des Anglo-saxons pour les pavés. Rien ne leur plaît tant que de bons gros bouquins bien épais de 600, 700 ou 800 pages, et si possible en un seul tome, ça impressionne tellement plus dans les transports en commun. On peut toutefois se demander si cette fois, Peter F. Hamilton n'est pas allé un peu trop loin, puisque Résistance n'est que la première moitié de la troisième partie d'un seul et même roman : L'Aube de la Nuit. Un rapide calcul nous permet donc de nous rendre compte qu'à raison de deux moitiés de 650 pages multipliées par trois parties, nous voilà donc en train de parler d'un roman de quelques 3 900 pages. Que l'on ne s'y trompe pas il s'agit vraiment d'un seul et même roman : unité de temps, d'action, de lieu et on suit bel et bien de livres en livres les mêmes personnages dans une continuité dramaturgique absolue.
Difficile donc de chroniquer ce qui n'est au fond qu'un ensemble de chapitres. Contentons-nous donc de quelques repères dans cette histoire aussi improbable que touffue.
Al Capone is back !
Nous sommes au début du XXVIIème siècle, l'Humanité se partage entre tenants de la technologie et tenants de la biogénétique. Capitalisme d'un côté et tranquille utopie libertaire de l'autre, les Hommes ont tranquillement frayé leur chemin dans l'espace intersidéral, entrant occasionnellement en contact avec quelques civilisations aliens.
C'est alors que sur une planète pénitentiaire, un déporté membre d'une secte pseudo satanique, ouvre un passage vers l'au-delà, et permet ainsi aux milliers d'âmes errantes qui n'ont pas été capables de se sublimer vers un ailleurs meilleur de revenir prendre possession du corps des vivants.
Au moment où débute Résistance, les Possédés, sous la direction informelle d'Al Capone, ont déjà investi plusieurs planètes, dont certaines sont passées sur un autre plan de réalité. Certains autres, tentent une résistance désespérée sur une lointaine colonie et s'apprêtent à essuyer un assaut phénoménal de la part des troupes humaines. La Terre elle-même, jusque là protégée par un blocus sans précédent, se voit menacée à son tour, et les humains décident de partir à la recherche d'un moyen de surmonter cette crise de possession que plusieurs races extraterrestres semblent avoir traversée par le passé.
Le sens du dramatique !
Un genre humain partagé entre inné et acquis, tambouillant dans un ragoût de religion et de mysticisme, bref voilà un énorme brassin très américain que nous livre un auteur anglais, qui sait bien où la SF se vend. On peut se perdre aux détours de ses nombreuses intrigues entremêlées, l'intrigue est peut-être inutilement touffue et les rebondissements rebondissent un peu trop facilement. Toutefois, même si on reste partagé sur le saugrenu de ce mélange de SF et de revenants improbables, on doit reconnaître à Peter F. Hamilton un certain sens du dramatique. Si L'Aube de la Nuit en général, et le présent volume en l'occurrence, reste assez emblématique de la production standard anglo-saxonne, il s'en sort avec les honneurs, et reste d'assez bonne tenue pour donner envie d'en lire plus… Ce qui viendra après, et aussi pourquoi, ce qu'il y a avant… Les 2600 pages qu'il y a avant… Enjoy !