Je ne présenterai pas Ann McCaffrey, auteur de plusieurs cycles de science-fiction très connus (et plus ou moins réussis).
Elizabeth Moon, si elle est relativement peu connue en France, est reconnue comme l’un des auteurs phare pour la S.-F. à thème militaire aux Etats-Unis. Ont été traduits la première trilogie de l’Héritage des Serrano (la trilogie de Heris Serrano) et le premier volume de la seconde trilogie (la trilogie de Esmay Suiza), Héroïne d’un jour (2005 ; Once a Hero, 1995), ainsi que deux romans indépendants, La Résistante (1999 ; Remnant Population, 1996, nominé pour le prix Hugo) et La Vitesse de l’Obscurité (2005 ; The Speed of Dark, 2003), qui a remporté un prix Nebula en 2003. Deux autres séries, The Deed of Paksenarrion (fantasy) et Vatta’s War, ne sont pas disponibles en français.
Sassinak (1990, 2002 pour la première traduction française) est le premier volume de la trilogie Les Planètes Pirates (je vais être désagréable tout de suite ; le titre original, Planet Pirats, est beaucoup plus logique : Pirates de planètes). The Death of Sleep (1990, Ann Mc Caffrey et Jodi Lynn Nye) n’a pas encore été traduit, mais Generation Warriors (1991), de nouveau avec Elizabeth Moon, est paru en 2003 chez Bragelonne sous le même titre.
La petite Sassinak est le genre d’enfant qui sait garder la tête froide et connaît ses responsabilités. D’ailleurs, cela vaut mieux lorsque l’on vit dans une colonie humaine isolée, où toute erreur technique ou humaine peut avoir des conséquences dramatiques. Alors, lorsque sa colonie est attaquée, elle sait comment elle est censée réagir. Mais cela ne suffit pas face à un adversaire déterminé comme les pirates chasseurs d’esclaves, et si elle survit au massacre, elle va néanmoins passer de longues années en servitude. Pour en sortir avec une idée fixe : venger sa famille et détruire les pirates. Une idée qui la soutiendra à travers ses années à l’école militaire, puis plus tard, en tant qu’officier de l’Astro…
C’est un roman extrêmement hétérogène. Il est difficile de dire si cela est du à la collaboration sur son écriture, la traduction ayant probablement eu un effet nivelant sur le style, mais il y a plusieurs parties relativement claires, où le personnage principal change radicalement… Le début (pré-attaque, voire vie en esclavage) est relativement sympathique, bien que moyennement original, et fait penser à du Ann Mc Caffrey classique. Les choses se gâtent vers le moment où l’Astro commence à jouer un rôle prépondérant, juste avant et pendant l’école des officiers. Le lecteur se retrouve pris dans une apologie de l’armée des plus désagréables, le pire étant qu’on sent venir à l’avance (et je veux dire par là en avance sur les prochains volumes, pas juste le présent roman !) l’identité des futurs méchants, un défaut déjà bien présent dans Le Cycle des Partenaires. Le pro-militarisme s’estompe un peu dans la dernière partie sur Ireta (une planète qui a eu droit à deux romans propres par Ann Mc Caffrey, Dinosaur Planet, 1978, et Dinosaur Planet Survivors, 1984), et le capitaine acquiert un peu d’humanité. Mais le roman devient alors confus, et verse dans l’excès inverse : après avoir chanté les louanges de l’autorité et de l’Astrospatiale, Sassinak a soudain une latitude incroyable pour faire absolument ce qu’elle veut.
Heureusement, l’action est relativement dense et les auteurs évitent au moins les écueils d’autres séries comme les aventures d’Honor Harrington, en limitant les descriptions de matériel militaire et les réflexions des personnages à un niveau supportable.