Les Liens du sang
Patricia Nead Elrod commence sa carrière d’écrivain professionnelle en rédigeant des scénarii de jeux de rôles. Cela lui permet de vendre son premier roman, Liste de sang, justement inspiré de l’univers des jeux de rôle. C’est le départ d’une série entre fantastique et polar, Dossiers Vampire, qui en est aujourd’hui à 11 tomes aux Etats-Unis – 3 sortis en France pour le moment, Les liens du sang étant le second. P.N. Elrod écrit en parallèle 3 autres séries sur les vampires comme Moi, Strahd, dont le premier tome a été publié au Fleuve Noir.
Fleming à la recherche de Maureen
On retrouve Jack Fleming dans le Chicago des années 30, après l’élucidation de sa mort qui a fait de lui un vampire. Toujours épaulé de l’enquêteur privé Charles Escott et de la jolie Bobby, il est de nouveau sur la piste de son ancien amour Maureen, responsable de sa condition, par l’intermédiaire de sa sœur Gaylen. Celle-ci semble vouloir aider Jack mais ses intentions sont troubles. Jack est par ailleurs la cible d’un chasseur de vampires fanatiques, James Braxton.
On prend les mêmes défauts et on recommence…
Il n’y avait aucune raison pour qu’Elrod s’affranchisse de ses travers pour l’écriture de ce second tome – sorti d’ailleurs au même moment que le premier aux Etats-Unis. Et le miracle n’a pas eu lieu : toujours autant de clichés, surtout pour les personnages (la mère possessive, le communiste borné, l’enquêteur malin, la femme belle et intelligente amoureuse du héros, le tueur de vampires fanatique et parano…) ; toujours cette manie de tout expliquer, justifier, qui alourdit énormément le récit même si elle lui donne une certaine crédibilité. L’auteur fait d’ailleurs preuve d’une ironie probablement involontaire lorsqu’elle déclare, par la bouche de Fleming : « Des passages entiers écrits uniquement pour respecter le quota hebdomadaire de mots vinrent à bout de ma patience et je les sautai complètement » (conseil aux lecteurs : si même le héros le fait, ne vous gênez pas…).
Les plus agaçants restent Fleming et Escott, qui n’en finissent pas de se sauver mutuellement la vie, de s’excuser et se remercier, de se rassurer et se motiver, donnant lieu à des conversations interminables et sans intérêt.
… Avec un léger mieux au niveau de l’intrigue et des personnages
Cependant, Fleming acquiert un peu plus de consistance dans ce second opus. Exagérément droit et « gentil » dans Liste de sang, il commence, dans Les liens du sang, à avoir des réactions et des sentiments un peu moins policés, notamment lorsqu’on s’attaque à sa petite amie. Son discours est aussi parsemé de quelques notes d’humour et d’ironie parfois bienvenues.
L’intrigue s’améliore également : l’action est plus fournie, il se passe plus de choses et l’enchaînement des événements est moins artificiel. Elrod n’évite pas les clichés mais les assume un peu plus, en particulier par l’intermédiaire de références cinématographiques et littéraires (même si celle sur le Necronomicon est quelque peu abusive). D’ailleurs, les Dossiers Vampire font plus penser à une série Z télévisée qu’à des romans : l’histoire est très visuelle et chaque tome est calqué sur un schéma commun (début de l’affaire, enquête, flash back, action, intrigues secondaires qui se rejoignent et dénouement), comme les différents épisodes d’une série.
Un roman de plage
Ce second tome des Dossiers Vampire est donc autant bourré de défauts que le premier, mais des améliorations au niveau des personnages et de l’intrigue le rendent plus lisible et distrayant. Un roman de plage, en somme. Reste à voir si la tendance se confirme dans les prochains volumes.