Peu à peu, Jonas Lenn se fait une petite place au soleil de la science-fiction française. Après avoir semé ses nouvelles dans de nombreuses anthologies (avec à la clef le prix Imaginales en 2002), il a écrit son premier roman pour les éditions La Clef d’Argent il y a quelques mois : La spirale de Lug. Le voici donc avec un nouvel ouvrage à sa bibliographie : Manhattan Stories, qui reprend les aventures d’un de ses personnages récurrents : le détective Eddie Cairn.
Manhattan Stories met donc en scène Eddie, un flic du futur aux méthodes plutôt traditionnelles. Côté boulot, il butte souvent sur des cadavres aux morts étranges et des complots machiavéliques. Heureusement son bon sens et les petits gadgets qu’il achète aux enchères lui sauvent souvent la mise, comme ce parachute hyper discret bien utile lorsqu’il lui faut sauter dans le vide. Mais c’est rare. Chez Eddie, la réflexion passe avant l’action et il n’a que rarement l’occasion de jouer les gros bras. Côté privé, après trois mariages ratés et autant de divorces et d’enfants, il soupire après Natacha, une jeune femme douce et rieuse qui tient un bar à thé où Eddie aime venir réfléchir à ses enquêtes. Bref, Eddie est un mec bien qui essaie d’être un bon père, un bon flic et un bon amant malgré ses doutes et ses interrogations. Et dans les quatre nouvelles présentes dans ce recueil, il y parvient pas mal.
Classique, efficace.
Avec Jonas Lenn, on glisse dans un polar assez classique même si le décor est futuriste. Son détective a un visage très humain et passe pour un type plutôt équilibré et réfléchit. Une absence de gros défauts qui le rend parfois un peu trop lisse, mais pas désagréable à suivre dans sa vie et dans ses enquêtes. Et du côté du récit, c’est un peu le même constat. Jamais trop noir, jamais trop violent, il y a dans les écris de Jonas Lenn une retenue encore une fois pas désagréable, mais qui empêche de se passionner complètement pour son univers et ses intrigues. Ca manque peut-être un peu de drame ou de tension.
Attention, cela ne veut pas dire qu’il ne faille pas jeter un coup d’œil à ce recueil. Après tout, Jonas Lenn possède une assez belle plume et pas mal d’imagination. En tout cas, il y a un savoir faire qui ne demande qu’à se bonifier. C’est à la lecture de ce livre une évidence. Un auteur à suivre. Le meilleur est sans doute à venir.