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Au point de devant

Nancy Peña (Scénariste, Dessinateur), Jean-Marie Jourdane (Coloriste), Miss Gally (Coloriste)
Aux éditions : 
Date de parution : 31/03/06  -  BD
ISBN : 2849530212
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Nathalie   - le 27/09/2018

Au point de devant

Née à Toulouse en 1979, Nancy Peña s’oriente dès la seconde vers le dessin. Elle suit la voie royale vers l’enseignement puisqu’elle passe par l’ENS et décroche son agreg. Après avoir animé durant 8 mois une série sur Internet avec Vincent Riou, les Carpates, elle se lance dans la bande dessinée. Après le fascinant album Le Cabaret chinois, Au point de devant plonge le lecteur dans l’univers vaste et subtil de sa première série La Guilde de la mer.

« Les Sinois ont inventé le thé pour changer la nature de l’eau avant de la boire. »

Pattedôle, une sinoise, se fait prendre par 2 gardiens murides pendant le couvre-feu et en possession d’un mouchoir non réglementaire. Le dit mouchoir renfermait une mauvaise herbe qu’elle venait de ramasser et qu’elle utilise pour empoisonner le contrôleur venu rédiger un rapport sur son forfait. Le fils de Pattedôle qu’elle a eu avec un Muride rentre juste après la mort du contrôleur et comprenant la situation entraîne sa mère dans une fuite éperdue. Rattrapés par des gardes, il ne leur reste plus qu’à sauter dans la mer mais Pattedôle qui comme toute Sinoise a une aversion profonde pour la mer s’y refuse. Elle est enfermée dans une cellule au deuxième sous-sol en compagnie d’un Repton.

Son fils, repêché par un bateau de corsaires qui travaillent pour la Guilde est rebaptisé Gib et intégré à l’équipage. Proposition lui est faite de devenir Citoyen de la Guilde et le voilà entraîné dans les agissements les plus loyaux comme les plus fourbes du capitaine Le Griffard.

Sa mère est tirée de sa prison par des sympathisants de la Guilde et embarquée sur une navire mais le Repton ayant appris que ce bateau faisait voile vers Saint-Porque décide de changer de cap et dérobe un canot pour rejoindre Rupicolance, alliée de la Guilde.

Une histoire intrigante

Ce premier tome nous précipite au cœur d’intrigues géo-politiques et marchandes dont certaines ne sont qu’effleurées et qui promettent moult rebondissements d’autant plus que se mêlent à tout ça de mystérieuses expériences avec le sang des prisonniers et une dimension magique introduite par l’apparition qui sort de la fiole.

La société muride, très codifiée, austère et répressive semble à l’opposé de La Guilde en apparence utopiste, chatoyante, accueillante, tolérante et égalitaire. Entre les deux louvoient les pirates au langage fleuri et à la fidélité fluctuante indexée sur le montant à gagner dans une opération.

Des personnages ballottés dans les remous d’une aventure baroque

Tous les protagonistes ont une apparence hybride car même si l’inspiration est animalière les races en place relèvent du bestiaire fantastique. Les apparences ne sont pas immuables et en modifiant traits et colorations, Nancy Pena peut prêter au personnage le plus doux une allure inquiétante et rendre sympathique le Repton préoccupé par la peur qu’il pourrait inspirer à sa compagne de captivité et d’aventures.

Quand l’histoire bascule, les cases se teintent d’orange voire de rouge accentuant la tension dramatique. De nombreuses scènes se passant dans l’obscurité sont éclairées par des lanternes ou des bougies et ces jeux sur le clair-obscur renforcent l’impression de dévoilement progressif de quelques éléments d’un ensemble vaste.

Les pages pleines sur lesquelles on suit la progression des personnages au sein d’une architecture stratifiée se font l’écho de ces parcours personnels au sein de structures installés bien que menacées, d’intérêts collectifs et de groupes organisés.

L’humour n’est pas exempt de la narration notamment la dernière parole du scientifique poseur au moment où il tourne le dos au Repton prêt à l’engloutir s’avère assez cocasse.

Nancy Pena, avec Au point de devant a réalisé un ouvrage raffiné et prouve à nouveau qu’elle une auteur de BD de grande étoffe.

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