charlotte
- le 31/10/2017
Jusqu’au dernier
On ne présente plus Morvan, scénariste prolifique qui s’essaye à tous les genres, science-fiction, thriller, polar, humour et ici fantastique. Il travaille avec Pedro J. Colombo, jeune auteur espagnol né en 1978. Fan de comics, il découvre peu à peu la bande dessinée franco-belge et les mangas. Décidé à devenir dessinateur de BD, il tente sa chance aux Beaux-Arts, sans succès. Il s’inscrit alors aux cours de l’Escuela Joso, école réputée de Barcelone, où il rencontre Francis Porcel, l’auteur de Reality Show (Dargaud). Il fait la connaissance de Morvan à l’occasion du Festival d’Angoulême alors qu’il travaille sur Sangre Noctambula (Carabas).
« J’étais certain que cette affaire confinait au fantastique »
Garance fait désormais partie de l’équipe de l’Ange, un être dont on ne connaît nit le nom, ni le visage – à chaque apparition, il est un autre. Ses deux autres compagnons sont dotés, comme elle, de pouvoirs étranges. Dominique a un seul esprit pour deux corps tandis que Hugo peut lire dans les pensées des personnes avec qui il a eu une relation sexuelle.
Tous les trois vont se lancer à la poursuite d’un mystérieux tueur en série. Celui-ci se duplique tous les jours. Le nouvel éphémère prend la place de l’ancien en l’égorgeant. Il n’en a pas toujours été ainsi, certains n’ont pas eu le courage de se tuer et une multitude de clones s’est disséminé dans le monde.
Un deuxième tome aussi peu emballant que le premier
Ce deuxième tome clôt la première intrigue de la série Trois… et l’ange. On y découvre donc le mystère qui entoure les éphémères, le rythme s’accélère en conséquence et la fin apparaît comme un peu légère, du moins rapide. Pourtant, Morvan creuse un peu plus ses personnages, notamment Dominique qui a le même esprit pour deux corps différents. Leur traitement est d’ailleurs le véritable plus de cette série. Leur don, qui pourrait être une aubaine, est vécu comme un fardeau. Loin des super héros lisses et monolithiques, ils sont toujours à la limite de la dépression, incapables de gérer ces facultés surnaturelles aussi destructrices pour eux-mêmes qu’utiles à l’ange déchu. De la même façon, l’assassin des éphémères apparaît comme tout aussi torturé. La terrible malédiction qui pèse sur lui l’a transformé en tueur en série, ou plus exactement le force à se suicider chaque jour.
L’entière sympathie du lecteur va à Garance, qui condense les angoisses des autres protagonistes, grâce au charisme que lui donne Colombo, elle intrigue et émeut. Son dessin réaliste commence à prendre de la maturité. Son coup de crayon est plus sûr notamment dans les décors parisiens qu’il prend visiblement plaisir à dessiner. Malgré tout, l’on reste dubitatif quant à la qualité globale de la série. L’idée de faire changer l’apparence de l’ange à chaque rencontre est assez bonne. Pourtant, la médaille a son revers, on ne parvient pas franchement à prendre fait et cause pour lui et l’histoire manque de lisibilité. Autre faiblesse, l’intrigue en elle-même n’est pas palpitante voire réellement simpliste. On n’est que peu convaincu par cette série. Dommage, car les idées de départ paraissaient pourtant bonnes, mais Morvan, en concédant trop à la facilité, peine à les exploiter. Jusqu’au dernier n’est à terme que la résultante d’une mauvaise alchimie