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Aube d’acier

Manchu (Illustrateur de couverture), Xavier Spinat (Traducteur), Bernadette Emerich (Traducteur), Charles Stross ( Auteur)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 31/05/06  -  Livre
ISBN : 2915159807
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Laure   - le 27/09/2018

Aube d’acier

Que d’encre coulée autour de cet auteur ! Il semble faire une percée foudroyante dans le monde de la SF britannique raflant dernièrement le Prix Locus pour son roman Accelerando. Charles David George, alias Charles Stross publie son premier roman, Crépuscule d’acier, nominée pour le prix Hugo en 2003. Ce livre est le premier d’une série space-opera ayant pour personnages principaux, un couple détonnant : Rachel Mansour, membre du Comité permanent de désarmement interstellaire des Nations Unies, et son mari, Martin Springfield, ex-employé de l’Eschaton.

« Comme disait le voyou, ne donne jamais un browning à un artiste ; ils font partie des individus les plus dangereux que l’on peut rencontrer. »

Charles Stross imagine l’Eschaton, une puissance supra-humaine axée sur la singularité informatique, si importante de par son intelligence qu'elle sera à jamais inaccessible pour nous, les hommes. Celle-ci n’aimant guère devoir partager la Terre avec des primates proches intellectuellement de l’amibe, elle a essaimé les humains via des trous dimensionnels, aux quatre coins de l’Univers. Quelques siècles après avoir encaissé le choc du dépeuplement, la Terre est redevenue une société lucrative grâce aux techniques anti-vieillissement et de repopulation et les Nations unies ont retrouvées leur rôle de Jadis.

Mais l’Eschaton garde un œil ouvert et ses nombreux espions surveillent assidûment les humains. Ces derniers ayant la fâcheuse manie de jouer avec le voyage dans le temps et de violer ainsi la loi de causalité.

« C’est une sorte de loi naturelle : les gouvernements s’instaurent à la pointe du fusil. »

Dans Aube d’acier, Charles Stross ne laisse même pas le temps à ses personnages de prendre un peu de repos. Une fois de plus des humains ont fait un peu trop joujou et l’Univers est en danger. Rachel et Martin sont de nouveau sur le coup.

Moscou n’est pas une utopie, mais pas non plus un enfer. Plutôt une planète ennuyeuse, calme et sans histoire. Les Moscovites ? Ils sont plutôt sympathiques, accommodants… peut-être un peu endormis. Alors pourquoi vouloir les supprimer ? Pourquoi vouloir faire exploser cette planète, qui plus est, avec un engin à violation de causalité illégal ? Personne n’a aucune idée de ce mystérieux ennemi… Personne sauf Mercredi, une jeune adolescente rebelle, poursuivie par des tueurs, et qui ne sait même pas qu’elle détient la réponse à cette énigme.

« Qui peut trouver un quelconque bénéfice à liquider une voire peut-être deux, planètes ? »

Juste avant l’explosion, Moscou a mis en route son système de défense automatique. Des bombardiers, vaisseaux destructeurs de planètes, foncent tout droit sur le responsable : le système de Nouvelle Dresde. Enfin responsable présumé puisqu’il semblerait qu’il n’y soit pour rien. Seul moyen de stopper ces vaisseaux : deux membres survivants du corps diplomatique moscovites doivent envoyer un signal de rappel. Mais il semble que quelqu’un s’amuse à éliminer un par un les dix ambassadeurs vivants. Rachel est mandatée pour enquêter sur ces meurtres.

« C’est une grande galaxie, mais pas si grande que ça, quand on a affaire à des fracassés comme ceux-là, qui ont des crises de folie. »

Malgré des apparences trompeuses de space-opera, Aube d’Acier n’a que peu de points communs avec un space-opera. Plus proche d’un roman d’espionnage futuriste, ce roman s’avère être totalement différent du précédent tome de la série : Crépuscule d’acier. Plus abouti que le roman précédent, on y retrouve avec plaisir les personnages de Rachel et de Martin. Certes, il est moins drôle et ne fourmille pas de scènes désopilantes (pas de téléphones tombant du ciel, pas de petite culotte espion…), mais il frôle plus avec un côté audacieux, voire impertinent. Car il a de l’audace ce monsieur Stross, malheureusement, souvent il ne pousse pas assez loin son côté caustique. Inégal dans son roman, on passe d’une situation cynique (« tu veux dire que les gentils s’apprêtent à commettre un génocide ? Et que les méchants vous demandent de les en dissuader ? ») à des citations d’une platitude frôlant les pâquerettes, du genre « L’horreur est sans fin, mais au bout d’un certain temps, on apprend à vivre avec. » ou bien encore « Ne pas se contenter d’un taser pour livrer un duel à l’artillerie lourde. ».

Comme les romans précédents, celui-là possède quelques imperfections : des personnages frôlant un peu trop la caricature (une adolescente insupportable, un journaliste paumé, une méchante perfide, une juge abusant de son pouvoir…), et des passages inutiles et fort longs, comme celui de l’artiste déjanté que Rachel doit désarmer. Je n’ai toujours pas compris à quoi servait cette scène, peut-être une sorte d’exutoire à fantasme. Bref, on sent bien que Stross a une imagination débordante, qu’il a des idées foisonnantes mais il a encore du mal à bien canaliser tout ça et surtout à créer des liens entre ces idées.

Malgré ces imperfections, ce roman reste très agréable à lire. Premièrement, parce que Charles Stross développe un peu plus son univers, en particulier autour de l’Eschaton. Le lecteur en apprend un peu plus sur cette entité et le passé de la Terre et donc son futur. Et puis, bien sûr, on prend du plaisir à suivre les aventures de Mercredi, Rachel et Martin. L’intrigue est bien menée avec quelques nœuds bien compliqués, des situations bien alambiquées et quelques scènes de poursuites réussies. Rythme et suspens, univers riche et intéressant, personnages complètement tarés, tous les ingrédients sont présents.

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