Nouvelles : tome 1 : 1947 - 1953

Nouvelles : tome 1 : 1947 - 1953

Publier l’intégrale des nouvelles de Dick est une véritable gageure car s’il est surtout connu pour ses romans (Ubik, Le maître du Haut Château et Blade Runner), l’homme était avant tout un écrivain de nouvelles. En 34 ans de carrière, près de 120 sont sorties de son imagination ! Voilà qui pose son homme. Bien sûr, les premières furent écrites à la vitesse d’une mitrailleuse, tout simplement parce qu’à l’époque seuls les magazines lui offraient le moyen de subsister. Il n’en reste pas moins que jusqu’à la fin de sa vie, Dick reviendra de nombreuses fois à la forme courte et qu’elles font partie intégrante de son œuvre.

Mais qu’ont-elles de plus que ses romans ? Et bien, pas grand chose à priori. On y retrouve souvent les grands thèmes qu’il n’a jamais cessé de développer : qu’est-ce qui est réel, qu’est ce qui ne l’est pas ? Sommes-nous manipulés ? Comment définir l’être humain ?

Pour preuve l’excellente nouvelle La Fourmi électrique qui contient l’essence même de l’écriture dickienne. Dans une société futuriste, un pauvre bougre découvre qu’il n’est qu’un robot, copie parfaite d’un être humain, que son entourage lui a toujours menti et qu’il peut manipuler la réalité... Son quotidien s’écroule autour de lui le laissant complètement désemparé... Ca ne vous rappelle rien ? Voilà du Dick pur jus.

Toutes bien sûr ne sont pas de simples copies de ses romans, bien au contraire. Au travers de ses nouvelles, on peut découvrir une autre face de cet écrivain génial : le fantastique ! En général, cela reste de la SF, mais avec une bonne dose de terreur comme dans Le retour des explorateurs où une équipe d’astronautes se fait exterminer lors de son retour sur Terre par leurs compatriotes pour des raisons inexplicables. C’est horrible, assez sordide et pourtant bien plaisant même si on n’est jamais très loin des thématiques citées plus haut.

Ce dialogue entre romans et nouvelles est si fort que certains livres sont le prolongement direct de textes courts précédement écrit. Pour ne citer qu’un exemple, rappelons que La vérité avant dernière a été composé à partir de 4 histoires (Les défenseurs, A l’image de Yancy, L’ancien combattant, et La machine à détruire). Les amateurs seront sans doute content de savoir qu’elles sont présentes dans ces recueils.

In-dis-pen-sa-ble !!!

Que dire de plus sinon que cette intégrale est un achat indispensable pour tout fan de SF qui se respecte. En oubliant un instant leur prix prohibitif, voilà deux énormes tomes bien alléchants (120 nouvelles et 3000 pages en tout) pour se replonger dans l’univers passionnant de Philip K. Dick. On y retrouve les mêmes interrogations, mais aussi le même génie, la même vision qui l’a élevé au rang d’auteur majeur. Bref, cette intégrale est une valeur sûre et vous fera passer assurément de très bons moments.

Une bonne pioche en somme !