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Le chant des Psychomorphes

Grillon (Illustrateur de couverture), Laurent Whale ( Auteur)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 30/06/06  -  Livre
ISBN : 1932983783
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Lavadou   - le 20/09/2018

Le chant des Psychomorphes

Laurent Whale est né en Angleterre en 1960. Tour à tour musicien, commercial, brocanteur, il perce dans le monde de la SF de belle façon puisque sa première nouvelle, Hélas, Elias !, reçoit le prix Merlin en 2005. Trois autres nouvelles plus tard, il publie son premier roman, Le chant des Psychomorphes.

Pris dans un traquenard

Zéar Shybbs est un fonctionnaire lambda chargé du contrôle des taxes commerciales qui régissent les échanges de marchandises au sein de la civilisation galactique terrienne. Alors qu’il passe des vacances sur Novo-Petersbourg, il est contacté par un ressortissant de Brixto IV, planète concurrente du gouvernement terrien. Mais Zéar se rend vite compte qu’il est tombé dans un piège l’obligeant à fuir à travers la galaxie. Il se retrouve embarqué dans une machination dont il ne maîtrise rien.

Un space opera classique et sans surprise

Une civilisation intergalactique où plusieurs espèces s’affrontent, des mondes inexplorés et des créatures étranges, des courses-poursuites à travers l’espace et des intrigues politiques : tous les ingrédients du space opera classique se retrouvent dans Le chant des Psychomorphes. C’est à la fois un avantage et un inconvénient. Avantage parce que ce roman se lit vite, son intrigue est sans prétention et l’action ne s’essouffle jamais, offrant au lecteur habitué du genre une récréation pas désagréable. Inconvénient parce que ce qui fait l’intérêt de ce type de romans n’est pas toujours au rendez-vous.

Le suspens, par exemple, est trop souvent désamorcé avant même qu’on n’ait le temps de s’inquiéter pour les héros : ils se sortent trop facilement de situations périlleuses que l’auteur prend pourtant le temps de bien mettre en place. Jusqu’à un dénouement finalement peu surprenant car attendu trop longtemps. L’univers décrit par Laurent Whale manque également de consistance. S’il semble à l’aise dans l’imagination d’outils technologiques, leurs utilisations sont trop isolées les unes des autres pour donner une impression de cohérence globale. Par exemple, l’idée de l’IDject est bonne mais n’est évoquée que lorsque l’intrigue l’exige, un peu comme un cheveu sur la soupe, sans qu’elle soit véritablement exploitée au sein de l’environnement général. Au final on a souvent le sentiment que les décors sont en carton-pâte et ne servent que de cadre à l’action, nous donnant une vision trop limitée du monde extérieur.

Des personnages bien travaillés et un style efficace

Ce défaut est peut-être le revers de la médaille de ce qui fait le principal attrait du roman : ses personnages, et particulièrement son narrateur, Zéar. Le récit à la première personne est bien maîtrisé, permettant d’approfondir le personnage de Zéar de façon à le rendre très crédible. Le fait d’être en permanence dans sa tête occulte parfois son environnement extérieur. Mais l’auteur sait parfaitement rendre ses émotions et ses sentiments, et ses réactions nous semblent tout à fait réalistes. Il en va de même de la plupart des personnages secondaires, dont les comportements individuels et collectifs font preuve de justesse et rattrapent les faiblesses de l’intrigue.

Le style n’est pas pour rien dans ces qualités. Laurent Whale maîtrise correctement le récit au présent, qui n’est pas le plus facile. On le sent à l’aise dans l’écriture, ce qui rend la lecture agréable et fluide et accrédite d’autant plus le narrateur à nos yeux. Toutefois, ce style efficace a un lourd penchant pour les expressions idiomatiques. Trop nombreuses, elles alourdissent parfois l’action et les descriptions, comme si l’auteur utilisait trop de mots. Ainsi le passage suivant : « L’atmosphère est devenue électrique dans les couloirs souterrains. La base est une véritable poudrière (…) » contient deux expressions redondantes qui rendent trop visible la technique de l’auteur. Ce qui est dommage, car Laurent Whale nous gratifie à certains endroits de belles images saisissantes.

Honorable


Le chant des Psychomorphes est un livre qui pêche là où il ne devrait pas – l’intrigue, le suspens – et surprend là où on ne l’attend pas – le style et les personnages. Ce n’est pas si mal pour un premier roman, qui s’adresse plus aux amateurs du genre, les autres risquant de ne pas accrocher à l’intrigue. Mais le style de Laurent Whale est chargé de promesses. Attendons de voir la suite.

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