Pour cette rentrée 2006, les éditions des Humanoïdes Associés ont décidé d'innover avec une série qui se déclinera en revue trimestrielle. La Lucha Libre va en effet vous plonger tous les trois mois dans l'univers déjanté du catch mexicain. Ou plutôt dans l'univers des fans de catch mexicain avec une bande d'amis déguisés en catcheur et qui se prennent pour des héros redresseurs de torts. Une manière d'essayer de rétablir l'ordre alors que les hordes de malfrats ont fait main basse sur Los Angeles. Une manière aussi de tromper leur ennui alors que le chômage fait des ravages dans les populations latinos des Etats-Unis.
Une vielle connaissance
On n'est pas vraiment surpris lorsqu'on apprend que Jerry Frissen est au coeur de ce concept qui se décline en plusieurs séries (avec Bill, Gobu, Fabien Mense et Tanquerelle aux dessins). L'ambiance un rien déjantée et absurde colle tout à fait à celui qui scénarise la série Les Zombies qui ont mangé le monde. On y trouve la même folie et quelque part les mêmes drames sociaux en toile de fond. Comme pour les Zombies, ses héros sont des gens de rien qui boxent plutôt dans la catégorie des loosers, quand il ne s'agit pas d'enfants rêvant d'imiter leurs aînés (la série avec Tanquerelle aux pinceaux). Et comme pour la première série, la sortie de Lucha Libre s'inscrit dans un mouvement global avec un film prévu au cinéma (Super Nacho) et des déclinaisons sur Internet : www.luchalibre.fr.
Dynamique
Le concept de la Lucha Libre est réellement une bouffée d'air frais. Ici les délais sont courts entre les tomes, le propos est plutôt léger, le délire est permanent (avec les frères Bogdanof notamment en Guess Stars) et l'aspect "magazine" est agréable. On prend d'autant plus plaisir à le parcourir que la série principale s'accompagne de plusieurs autres plus courtes avec des styles graphiques très différents. Ces héros losers ont quelque chose d'attachant dans leur utopie, même si on sent bien que c'est surtout le désoeuvrement qui les poussent dans cette direction.Car ils ont beau massacrer d'autres clans, cela reste cinq pauvres types qui sont la risée de leur entourage lorsqu'ils mettent leurs masques de catcheurs et qu'ils roulent des mécaniques. Voilà de quoi faire monter automatiquement leur cote de sympathie auprès des lecteurs. Graphiquement, il ne faut pas s'attendre à des merveilles. Ici l'intérêt est principalement narratif. Le dessin est correct même si l'on aurait aimé qu'il soit un peu plus fouillé ou appliqué par moment. Les détails sont peu nombreux et les décors assez simplistes mais il se dégage tout de même une vraie impression de dynamisme renforcé par le jeu des regards qui avec la bouche constitue l'essentiel de l'expression faciale des personnages. Bref, pour l'heure, ce premier tome a réussi à éveiller notre curiosité. Il y a là un univers original et déconnant à explorer. A suivre...