Jeunesse
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Sous un ciel de harpies

Philippe Munch (Illustrateur de couverture), Frédérique Lorient ( Auteur)
Aux éditions : 
Date de parution : 30/09/06  -  Jeunesse
ISBN : 2740420803
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Nathalie   - le 20/09/2018

Sous un ciel de harpies

Même si elle a du mal à s’arracher à ses livres , Frédérique Lorient est une randonneuse dans l’âme, et à pied ou à cheval parcourt de nombreux chemins. Danseurs de lumière paru dans la même collection il y a tout juste 6 mois avait à juste titre ramené dans ses filets nombre de louanges et de nominations...

Après l’immersion dans un monde aquatique, Frédérique Lorient transporte à présent ses lecteurs sur la planète Zol dont une troupe de prisonniers fouille les mines pour en extraire des diamalites et dont le ciel s’obscurcit quand un vol de harpies s’abat furieusement sur les baraquements.

“La Terre était perdue, dévorée par le pouvoir et la bêtise (...), il n’y avait pas de honte à la fuir”

Sur Terre, les habitants sont accros aux télécrans et aux jeux qu’ils diffusent, ils engloutissent leurs misérables salaires dans l’espoir de décrocher le gros lot et ne récoltent que des dettes qu’ils remboursent en mettant leurs enfants au travail. C’est ainsi que Kaël se retrouve sur Zol à sonder une mine à la recherche d’étranges perles, les diamalites. Parce qu’il laisse la vie sauve à un gardien, le jeune garçon est promu surveillant. Mais sur Zol, l’on peut reperdre très vite ce qu’on a l’impression d’avoir gagné...

“Les scrupules, la vieille morale, c’est une simple question d’habitude. Ca disparaît très vite”

Dans l’univers carcéral des mineurs (qui n’est pas sans rappeler celui dépeint dans 49302, de Nathalie Le Gendre), toute résistance doit être matée (par le pilori, l’humiliation ou l’éxécution pure et simple) et c’est la logique de survie qui prédomine (“Pour survivre, il ne faut pas penser”, tel est le conseil de Dmitri).

Une fois encore Frédérique Lorient met en scène avec subtilité et poésie les rapports humains entre les individus et les groupes, la faiblesse de certains (justifiée dans la bouche de Maée par la peur) et le courage d’autres qui refusent de fermer les yeux, de renoncer à la “vieille morale”.

“On a toujours le choix”

Même s’il subit bien de revirements, Kaël affronte ses responsabilités, d’humain, d’amoureux et de grand frère adoptif. La trahison de l’objet de sa passion, son expérience d’être de l’autre côté de la barrière et la cuisante démonstration de sa trop grande naïveté au lieu de le métamorphoser de le déshumaniser ne font que renforcer ses convictions, relancées par le triste exemple de Fabert.

Ce récit ponctué de références mythologiques (de l’emprunt des harpies à la ruse finale, clin d’oeil à Homère) rèvèle comme Danseurs de lumière une approche très humaine qui donne au livre une grande charge émotive qui renforce la dénonciation de l’appat du gain, de l’égoïsme aveugle sous de mauvais prétextes.

Le troisième titre de Frédérique Lorient dans cette collection est déjà annoncé, et l’on ne peut que se réjouir que cette auteur talentueuse soit à l’oeuvre pour extraire un nouveau texte précieux de sa veine narrative et poétique.

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