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La foire des ténèbres

Ray Bradbury ( Auteur), Brigitte Mariot (Traducteur), Richard Walters (Traducteur)
Aux éditions : 
Date de parution : 30/09/06  -  Livre
ISBN : 2070309576
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Audrey   - le 20/09/2018

La foire des ténèbres

Ray Bradbury, né en 1920, est surtout célèbre pour avoir été l’auteur de Fahrenheit 451, adapté au cinéma par François Truffaut, ainsi que pour un recueil de nouvelles intitulé Chroniques martiennes.

Un début prometteur

Jim et Will sont inséparables. Leurs journées s’écoulent paisiblement, entre les trésors de la bibliothèque et la candeur des champs, dans une bourgade américaine sans histoire. Comme deux notes de musique courant sur la portée de Bradbury, ils dévorent le monde en choeur, et nous font entrer dans le monde mystérieux de l’enfance, ses tourments, ses merveilles et ses cauchemars…

Un jour, ils rencontrent un représentant en paratonnerre arrivant à point puisqu’au fond du ciel sourd l’orage. Mais la foudre qui va frapper les deux ingénus émanera non pas du firmament, mais d’une mystérieuse bande de forains venue une nuit à bord d’un train presque fantôme et s’installant en silence à la lisière de la cité, dans une prairie d’où l’on a coutume d’admirer la lune.

Intrigués, les deux héros s’aventurent au petit matin vers la foire encore inanimée, lorsqu’ils voient un manège tournant à l’envers doté d’un pouvoir aussi terrible qu’excitant : puisqu’il rajeunit ou vieillit celui se trouvant à son bord… Peu à peu, les habitants succombent, irrésistiblement attiré par cette machine à précipiter l’existence.

La nausée

Mais très vite, tout se gâte. La prose poétique de Bradbury capote à force de comparaisons aussi lourdes que grandiloquente, et s’essouffle à évoquer la Lune sous tous ses angles. La dimension fantastique, qui jusque là s’était immiscé avec grâce, vire au grand guignol au lieu de nous effrayer, et l’ennui ne cesse de croître. On peine à imaginer la sorcière jetant des éclairs du haut d’une montgolfière et les tours de manège finissent aussi par nous donner le tournis sans nous donner le vertige. C’est l’écoeurement.

Heureusement, des temps de respiration subsistent, lors des descriptions de cette petite ville aseptisée que Lynch aurait pu filmer, et sur laquelle souffle soudainement un vent d’horreur. L’histoire est indigeste, et notamment les scènes les plus gores, mais le talent de Bradbury affleure lors des scènes dans la bibliothèque, dans laquelle les enfants courent se réfugier pour échapper aux méchants. De même, la description de la fête foraine résonne avec les travellings felliniens et les monstres de Tod Browning. Quant au palais des glaces, il rappelle la scène finale de La dame de Shanghai, d’Orson Welles, lorsque les personnages à l’acmé de leur folie entretuent leurs reflets.

S’appuyant sur l’angoisse de mort et l’aspect démoniaque de la fête foraine, Bradbury aurait pu opérer un coup de maître moyennant un peu de sobriété. Dommage.

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