Joshua Ortega travaille chez Marvel depuis 2005. Il a réalisé pour eux Spiderman Unlimited. Il travaille aussi pour DarkHorse (Shadows & Light) et TopCow (Necromancer). Il possède aussi sa propre maison d'édition (Omega Point) qui a publié son premier roman : Frequencies.
Francis Manapul est un Canadien qui vit aux Philippines et travaille pour TopCow, en particulier sur Witchblade, Darkness et Necromancer. Il dessine aussi actuellement un album pour les éditions Delcourt : Les Sept Guerriers.
L'autre face de la vie
Abigail est une jeune Américaine – presque – sans histoire. Il n'est pas facile d'être la fille d'un pasteur puritain et de côtoyer tous les jours sur le campus d'autres adolescents plus libres, lorsque l'on aime faire la fête. En particulier si l'on semble porter chance à l'équipe sportive. Punie par ses parents pour un retour tardif et titubant, elle décide de se venger d'eux en pratiquant la sorcellerie.
Le résultat de son invocation dépasse tout ce à quoi elle s'attendait. Le démon, qu'elle ne contrôle pas, massacre tous ses amis ainsi que sa famille. Elle parvient un temps à s'échapper, se découvrant des pouvoirs qu'elle n'avait auparavant pas conscience de posséder avant d'être rattrapée par d'étranges soldats.
Plongée dans un monde noir et sanglant, convoitée par des sorciers et des démons, elle trouve du secours auprès d'un mentor qui l'aide à contrôler sa puissance et la protège de ceux qui la pourchasse. Réfugiée à L.A., elle se crée une nouvelle vie, mais le côté sombre du monde, cette partie d'elle qu'elle cherche à fuir, est là aussi présent. Capturée par un démon qui se repaît des suicidés, elle se retrouve enchaînée dans le monde des ténèbres. Seuls les quelques amis qu'elle a su trouver dans son lycée peuvent peut-être la sauver...
Plus qu'une simple resucée !
Tout le monde surfe allégrement sur la vague de la sorcellerie pour ados, que ce soit en livre (Harry Potter, L'Île du Crâne) et série télévisée (Charmed, Buffy) ou en mangas (Witchblade). la bande dessinée n'échappe pas à cette engouement. Il y a donc peu à attende d'une énième version de l'histoire de « la malheureuse adolescente confrontée aux forces du mal ». Parfois, pourtant, certaines réalisations qui semblent n'être que des copies sont en réalité des oeuvres à part entière, respectables et authentiques. C'est le cas de Necromancer.
Même si le cadre est le même que pour Buffy, le traitement est différent, très personnel. Les inévitables clichés de l'Amérique (pom-poms girls blondes, adolescents boutonneux bavant devant les filles et professeurs intransigeants) sont là. De même pour les démons aussi idiots que puissants, les chasseurs de monstres et l'armée qui sait sans vraiment savoir ce qui se passe.
Mais, avec cet album, nous avons en plus une héroïne à la personnalité affirmée, au seuil de l'âge adulte, oscillant entre bien et mal, innocence et réalisme pragmatique. Elle n'est pas vraiment pure et honnête (elle a quand même fait tuer ses parents et ses amis) sans toutefois se soumettre aux forces maléfiques. Fragile sans être mièvre, elle est une vraie personnalité.
L'ambiance aussi tranche sur les autres séries. Ici, le monde est rouge sang, sombre et l'espoir a peine à surnager. On meurt, on tue et on souffre à chaque chapitre. Il n'y a pas l'humour, le décalage onirique que bien souvent les réalisateurs utilisent pour garder leurs séries « bien-pensantes » et les orienter vers les plus jeunes adolescents (et adolescentes).
Un graphisme de grande qualité vient supporter avec beaucoup de pertinence le récit. Les couleurs sont parfaitement adaptées à l'ambiance (souvent sombre) et le trait affirmé. le tout nous offre un bel ouvrage, un résultat très au-dessus des productions standard du genre.
Cette série commence fort – très fort. Il faudra absolument la suivre en espérant qu'elle conserve ses qualités dans les prochains chapitres.