La Poupée aux Yeux de Lune
Michel Weyland fait vivre Aria depuis 1980 - à moins que ce ne soit le contraire. A raison d'environ un album par an, il nous offre donc en 2007 le vingt-neuvième tome de la longue saga de son héroïne, toujours - presque - aussi jeune, indépendante et rebelle.
Aria a traversé les années en suivant un parcours sinueux selon l'ambiance de l'époque et les envies de son auteur. Tour à tour la guerre, l'écologie, le pouvoir, la foi, la maternité, l'amour, l'enfance brisée et bien d'autres thèmes ont trouvé leur résonance dans le monde à la fois si différent et si proche de nous que traverse la cavalière.
Difficile retour en Arnolite
Aria revient vers son château d'Arnolite et ses frônes. Ceux-ci, l'espère-t-elle, pourront aider son ami le nain Cramouille à accepter sa petite taille. Mais d'autres personnes rôdent autour du château, de malfaisants troubadours qui hypnotisent et tuent leur auditoire pour les voler.
En arrivant chez elle, Aria découvre son amie Rexanne agonisante. Aussitôt, elle se lance à la poursuite des voleurs tandis qu'une étrange frône naine vient soigner la blessée. Mais si Aria sait se battre une arme à la main, que peut-elle faire contre la poupée aux yeux de lune, cette peluche dont les orbites contiennent des pierres qui annihilent la volonté de celui qui y plonge son regard ?
Une histoire gentillette...
Weyland nous avait habitués à des albums plus poussés, plus profonds. Si le scénario est bien mené, comme toujours avec Aria, il semble vide de sens, une simple histoire sans morale, loin des fables qui parfois nous font réfléchir. Ici, il est difficile de sortir un thème, une réflexion qui se cacheraient derrière la simple aventure d'héroïc fantasy.
Des idées flottent, se mêlent : ce nain qui veut grandir et ne trouve la paix avec lui-même qu'au travers de l'Amour est intéressant, mais il n'est pas l'élément central du livre. Peut-être devait-ce être la voleuse, née au milieu de la guerre et poussée vers le crime par la violence de son enfance ? Dans ce cas l'objectif est manqué, le lecteur ne ressent aucun pathos envers cette égorgeuse qui jamais ne se repent ni ne reconnaît ses crimes pour ce qu'ils ont eu d'abject.
Il nous reste donc une simple histoire qui s'inscrit tout de même au sein d'une des plus longues et plus belles sagas de la bande dessinée, avec une héroïne qui traverse les générations en continuant de nous apporter des leçons de morale et du rêve.