Code Azefi

Code Azefi

Aucun rapport avec Akim, Kim Devil, Kim Wolf ou Kim Wilde. Kim est une héroïne à la Lara Croft ou Sydney Bristow (Alias) : pas de sentimentalité, du QI, du punch et de l’audace. La collection « Grand angle », c’est « la BD comme au cinéma ». De l’action, des missions dangereuses en solo, le dernier cri des technologies. Normal pour un agent spécial, à la fois classique et moderne, qui communique avec elle-même à travers le temps.

Dans le genre, les éditions Bamboo ont fait bonne pioche avec le recrutement de Beb Zanat, ex-topographe et dessinateur dans un cabinet d’architecte. Pour un premier album, la maîtrise graphique est déjà impressionnante, le dessin est limpide, le cadrage efficace, les postures naturelles et appropriées, les décors ne sont pas négligés, seuls les visages apparaissent parfois encore un peu figés et crispés.

La narration est claire. Le découpage en scènes d’exposition et scènes d’action de Kim cohérent. Avec Christophe Pernoud, scénariste aux velléités de dessinateur (pour bientôt, qui sait ?), on retrouve l’univers paranoïde de La Métaphore du Papillon mâtiné d’une nouvelle déviance technologique : la communication dans le temps (et non plus le contrôle statistique du futur). Du futur au passé, le scénario et les dialogues sont bien bouclés.

Comptes à rebours

Rien ne va plus en Suisse. Le groupe « Black Worms » se livre à son troisième attentat cyberterroriste en débitant et créditant au hasard les comptes des grandes banques du pays. Aux grands maux, les grands remèdes. En faisant appel à la « Division » et à l’agent spécial Kim Giffers, les autorités ont recours, pour la première fois, aux nouvelles technologies de communication dans le temps pour intervenir sur le passé et modifier le présent. C’est une question de crédibilité nationale ! 

Mais voilà, chaque époque a ses problèmes de communication, Trévor est amoureux de Kim, Kim a le sens du devoir et préfère sans doute Squitty le petit écureuil mascotte, et, d’une époque à l’autre, c’est encore moins facile d’échanger. Allo, le passé ?  Ici, c’est le futur. Allo ? Vous vous souvenez de moi ?

Paradoxes temporels chez les Suisses !

La trame de l’histoire est du niveau d’une série américaine. Bien ficelée. Crédible. Rien à redire. Une mention spéciale pour le traitement quasi-parallèle des missions de Kim dans le passé et au présent. Un regret : l’absence de personnalité de l’héroïne sans histoire, sans liens affectifs et sans états d’âme.

Deux éléments constituent réellement l’originalité du scénario : le contexte suisse (peu exploité) et la possibilité de communiquer dans le temps (le trou noir avec une fontaine blanche). Là, les choses deviennent un peu moins claires.  Chez ActuSF, on aime la SF, alors forcément, les trous noirs, on creuse.

En Suisse, qu’on puisse allez modifier le cours des horloges n’est pas forcément une bonne nouvelle. Pour modifier le passé, des messages sont transmis sous forme d’ondes via les écrans télé. Kim en combinaison de temponaute et harnachée à un fauteuil de dentiste, communique avec elle-même dans le passé et, ce faisant, modifie « en temps réel » ses propres souvenirs. Soit, mais pourquoi les souvenirs de ceux qu’elle a côtoyés pendant tout ce temps ne sont pas modifiés simultanément (ils ne sont pas harnachés, eux) ? Et quid de la métaphore du papillon (la modification du passé de Kim pourrait avoir des conséquences pour la Suisse entière et, ne lésinons pas, pour l’avenir de l‘univers) ?

A un premier niveau de lecture, il y a une certaine confusion entre le passé réel de Kim et le passé revécu au présent par Kim (dont on contrôle les paramètres vitaux comme s’il s’agissait d’ausculter la Kim passée). Ce risque de confusion mériterait un petit traitement narratif supplémentaire dans le prochain album. A moins de modifier légèrement l’écriture du premier par un petit message dans le temps…