Parfums Mortels

La mise au point de la micro-édition est en train de changer la donne dans le monde du livre ! Les moyens techniques permettant de tirer à quelques dizaines d'exemplaires des livres qui se rapprochent en qualité de ceux tirés à des milliers d'exemplaires, les petites maisons d'édition se multiplient en SF depuis quelques années. Il y avait Eons, Rivière Blanche, ActuSF et quelques autres, il y a désormais Malpertuis ! Fondée par Christophe Thill et Thomas Bauduret, cette structure associative a pour objectif de publier des anthologies et des romans de fantastique. Premier livre : Parfums Mortels, une anthologie dirigée par Anne Duguël.

L'odeur de la mort...

Parfums Mortels est donc une petite anthologie qui réussit le tour de force de réunir une quinzaine de nouvelles en quelques 166 pages. Au sommaire, on trouve un joyeux mélange entre des auteurs un peu connus (Anne Duguël en tête suivie de Jean-Michel Calvez et Patrick Eris) et d'autres qui ne le sont quasiment pas, tous ayant écrit une nouvelle sur le thème plutôt original du Parfum.

Un thème qui visiblement les a inspirés. On trouve dans ce sommaire une belle diversité de mise en scène et d'idées. Parmi les meilleurs textes, on distinguera celui de Jean-Michel Calvez. Il nous raconte l'histoire d'un thanatopracteur qui a pour habitude de recueillir le dernier souffle des morts sur lesquels il travaille. Une nouvelle remarquable. Et ce n'est pas étonnant. Si ses deux premiers romans publiés au Fleuve Noir étaient ratés, cela fait maintenant quelques années que Jean-Michel Calvez dissémine ici et là les bons textes au gré des anthologies. Nul doute qu'on le retrouvera d'ici quelques temps avec un recueil ou un nouveau roman.

Dans les autres bonnes pioches de ce recueil, on a lu avec plaisir Le petit garçon dans les roses de thé de Lili Bidault, l'histoire d'une jeune femme obsédée par un petit garçon qui semble ne pas grandir et passer ses journées à jouer dans le jardin en bas de chez elle. Un texte qui sent bon l'odeur de la folie. Toujours aussi fou, La Sentine d'Anne Renard avec le récit d'une mère de famille qui va chaque semaine rendre visite à son fils emprisonné pour une série de meurtres. Un récit qui parle de l'odeur de la culpabilité. Et que dire de l'odeur douceâtre de Sculpture Pâle d'Ange-Emile Rivière et des fleurs de sorgheï ? Là aussi c'est assez remarquable. Et puis ne manquez pas la nouvelle de la maîtresse de maison : Gudule (oups pardon, Anne Duguël). Une nouvelle qui fait froid dans le dos et qui a elle l'odeur du sang...

Mais achetez Parfums Mortels ! Et accessoirement lisez-le !

Acheter Parfums Mortels participe d'une double démarche. D'abord vous aurez sous la main une excellente anthologie. S'il y a peu de grands noms au sommaire, la qualité est au rendez-vous. L'ensemble est plutôt homogène et vous aurez dans les mains un bon livre. Ensuite vous ferez une bonne action : celle de soutenir un petit éditeur qui démarre et qu'on ne peut qu'encourager à faire de nouvelles anthologies de ce niveau.