Christian
- le 27/09/2018
Les Sentiers invisibles
Das Pastoras signe, avec Les Sentiers invisibles, le second tome de la série des Hérésiarques. C'est son troisième album si l'on tient compte de la série Castaka, où sa collaboration avec Jodorowski n’était déjà pas passée inaperçue.
Autre Espagnol, le scénariste Carlos Portela a, lui, une vingtaine d’albums à son actif, mais il est encore peu publié en France. Fin connaisseur du monde de la BD, il est également journaliste, critique, dialoguiste, présentateur d’émissions radio.
La quête contrariée
Dans le premier tome, L’Âme creuse, Agon avait été désigné par sa tribu pour ramener la carcasse du Xaba-Har en offrande au dieu des morts Madorak. Retardé par un homme-lion, il n’avait pu apporter à temps la dépouille sacrificielle et c’est sa bien-aimée, Aldara, qui fut immolée. Aveuglé par la douleur, il enleva son corps confié au mage Barmurabi. Il défia le dieu et partit à la recherche d’Hattia, fille du démon Mursil-Kard, qui peut le conduire, ainsi que l’homme-lion et la vieille déesse Nurun, aux portes du royaume de Madorak pour retrouver l’âme d’Aldara.
En contrôlant Hattia à l’aide d’un bracelet magique, ils se rendent dans la caverne de Mursil-Kard et parviennent à tuer le démon. Ils se rendent ensuite dans la cité de Trocodia où se trouve la clé du royaume des morts. Mais Madorak, informé de leurs intentions, est décidé à leur mettre des bâtons dans les roues. Et le groupe devra se méfier des espionnes et des morts vivants avant de rejoindre Sincreticia, la ville qui mène n’importe où, du moment qu’on en paye le prix.
Un peu compassé
Ce Das Pastoras, quel talent ! Le cadre est un peu trop classique et la taille des cases un peu trop petite (nombre élevé de cases lié au rythme soutenu des actions) pour qu’il puisse l’exprimer totalement à travers cette série. Les couleurs et les ombres sont moins réussies que les formes (peu de contraste en dehors du rouge, absence de vrais noirs, impression de crayonné au niveau des couleurs). Le rendu global paraît un peu trop convenu, la luminosité paraît légèrement artificielle (tons clairs en retrait, les zones sombres étant rendues par la densité des traits). On a le sentiment que Das Pastoras s’est imposé des contraintes par trop conventionnelles au niveau du découpage des cases et des couleurs. Il a largement les moyens de faire plus original, plus personnel et plus beau. A voir dans une autre série ? (De ce point de vue, son autre album Castaka est plus réussi).
Le scénario de Portela est rigoureux. Pas trop bavard, en dépit d'une première impression qui peut être liée à la densité du récit et à l’impression d’étroitesse des cases. Un peu alambiqué tout de même et un peu confiné. D’un côté, une obsession pesante (délivrer l’âme d’Aldara) et de l’autre, une implication permanente des personnages dans l’action immédiate. Cela permet de ne pas s’ennuyer, mais, au bout du compte, les héros ne se révèlent pas très intéressants. Pas très ouverts sur leur monde, d’une psychologie rigide et peu enclins à la réflexion.
Une série solide, mais, fermée sur son propre monde, et qui se prend un peu au sérieux. Allez, un petit effort ! Un peu plus de hauteur, de détachement, d’humour et de fantaisie. Un plus de vie avant de parvenir au royaume des morts.