Days

James Lovegrove, anglais, a peu publié en France, à peine quelques nouvelles - dont L'Autre moitié de ma vie (in Faux Rêveur)- . C'est l'occasion de le découvrir avec ce roman d'anticipation comparé à la série 24 heures chrono.

Que feriez-vous pour une carte Days ?

Le grand magasin Days offre plus qu'un service irréprochable et des prix attractifs : c'est un véritable art de vivre qu'on y trouve, le rêve de tout anglais moyen… Grâce à une carte que l'on peut obtenir sous garanties très strictes, on peut se payer tout ce qu'on veut, même des animaux exotiques ou des filles de joies… Linda a économisé toute sa vie pour avoir la fameuse carte et son mari Gordon la suit pour ce premier jour d'achat dans le temple du rêve et de la réussite sociale.

Frank, quant à lui, est agent de sécurité dans le magasin. Outre son permis de tuer, il porte des années de bons et aveuglés services. Arrivé à ce stade - Days des pieds à la tête -, il craque et va déposer sa démission. Une journée chez Days, d'un côté de la barrière, puis de l'autre, en alternance…

Anticipation rapprochée

Days est un livre étonnant, pour qui ne connaît pas bien l'anticipation. Ce monde, si proche du nôtre, pourrait exister, non pas dans cinquante ans (encore si loin) mais dans un an, deux, peut-être trois… La surconsommation, la réussite sociale révélée par l'argent, l'impulsivité font partie, tout de même et parfois de façon totalement exagérée, des analyses des sociologues de ce siècle naissant et nous en ressentons chaque jour la culpabilité et la répulsion.

Outre le style -agréable et régulier-, Lovegrove déroule dans Days un portrait subtil du consommateur hystérique que nous sommes parfois, du mouton carnassier que nous tentons de cacher et du lâche qu'une société dévoratrice et toute maternelle excuse souvent.