I Love Plunk

Laurent Letzer au scénario et Luc Cromheecke au dessin et aux couleurs sont les belges auteurs – pas complètement inconnus pour ceux qui se souviennent de Tom Carbone – de Plunk, nouvelle série parue chez Dupuis.
Le personnage créé à l'origine pour une démonstration sur les possibilités des produits dérivés a fait le chemin à l'envers pour arriver jusqu'au lecteur.

Plunk est un extraterrestre rose bonbon vêtu d'un caleçon vert mal ajusté et coiffé d'un entonnoir assorti. Il pose sur des situations quotidiennes un regard décalé qui les transforme en gags.
Quelle différence fondamentale y a-t-il entre les feuilles aplaties des herbiers et les animaux écrasés sur les routes ? Et entre une planche à repasser et un plongeoir ? Les pompiers ne sont-ils pas des distributeurs d'eau potable ?


Love Plunk, un peu, beaucoup...

L'album I Love Plunk! recèle, sans aucun doute, un potentiel d'universalité qui peut le rendre sympathique.
L'absence de texte affranchit l'ouvrage des barrières linguistiques et supprime la nécessité d'un ancrage culturel particulier pour en saisir les tenants et aboutissants.
Les circonstances observées ne sont ni belges, ni même européennes. Elles sont tout simplement terriennes, filtrées par la lorgnette rose et verte d'un Plunk, qui cherche à comprendre notre monde.
L'humour, lui-même, accessible aux adultes comme aux enfants, emprunte à un domaine vaste, non spécialisé et évite les écueils aussi bien de l'hermétisme que du grossier.

...Ou pas du tout.

Cependant, l'apparence du personnage, en particulier l'agressivité charcutière de ses couleurs, peut rebuter le lecteur sensible à l'esthétique. Le choix de faire un album avec 48 pages en couleur viendra exacerber cette impression.
Certains autres défauts de cette Bd sont intimement liés au caractère universel précédemment évoqué.
Sans les mots, I Love Plunk! se dispense aussi de leur pouvoir évocateur et des jeux naissant de leur emploi.
Sans cible précise, sans hardiesse, I Love Plunk! est un album un peu plat qui, à part quelques cases vraiment cocasses, ne parvient à arracher qu'un mince sourire de temps à autres.

Pour toutes ces raisons, notre avis ne peut être qu'en mi-teinte. Plunk, sans ennuyer, ne divertit que mollement. On perçoit mal quel peut être son apport dans un paysage Bd déjà foisonnant. Cependant, la série n'en est qu'à son numéro1.
Qui sait ce que nous réservent les prochains opus de Plunk ?