L'Ordre Blanc
L.E. Modesitt est un auteur prolifique outre-atlantique. Il écrit aussi bien de la science-fiction que de la fantasy, privilégiant les longs cycles et aimant promener ses lecteurs parmi les univers qu'il invente. Il a toutefois acquis sa notoriété surtout grâce au cycle du Monde de Recluce qui compte déjà 13 volumes en anglais. En France, les éditions Mnémos publient les oeuvres de l'auteur - déjà 7 tomes dont les deux derniers forment L'Ordre Blanc.
Apprentissage difficile
Ceryll est un adolescent orphelin qui habite chez son oncle. Mais la vie est dure dans le Royaume de Candar et il est amené à partir. Il va d'abord travailler comme apprenti dans une scierie, puis chez un scribe à la ville d'Havreclair.
Mais Ceryll n'est pas un garçon comme les autres. Il cache un secret venu de sa naissance : il possède des pouvoirs, ceux de manipuler le chaos. Or seuls les mages de l'Ordre Blanc ont le droit de réaliser cela. Pour les autres, la seule sentence est la mort par le feu.
Ceryll se retrouve apprenti-mage grâce à la mansuétude du grand Mage. Mais tous ne voient pas d'un aussi bon oeil l'arrivée du jeune homme. Il doit faire ses preuves et démontrer sa force s'il veut être accepté et pouvoir vivre avec celle qu'il aime. Mais ses ennemis lui en laisseront-ils la possibilité ?
Encore une quête initiatique ?
Sujet banal s'il en est en fantasy : un jeune homme qui doit dépasser les obstacles de son passé pour démontrer sa valeur et gagner sa place au soleil. Bien sûr, il est plus fort, plus malin et plus attachant que les autres personnages... Evidemment, il a de la chance... Et pour finir il doit gagner...
Pourtant, Modesitt essaye bien de dépasser tout cela. En fait, il se sert de la banalité de son propos pour nous promener dans son monde. L'important n'est pas Ceryll, son amour pour la belle Leyladin n'est mis en valeur que par la difficulté de leurs approches (et comme souvent chez Modesitt, reste à l'état d'ébauche). Le monde de Recluce est la seule raison d'être de ce livre.
Par contre, l'auteur développe beaucoup plus sa vision si particulière de la magie, les méthodes, les effets possibles, les limites et les inconvénients. Comme dans les tomes précédents, la narration est un mélange - plus habile que d'en d'autres volumes - de magie, de politique et de description de la vie médiévale.
Alors ? Cette histoire est certes moins ennuyeuse que les précédents récits, mais sans toutefois dépasser la moyenne du genre. Il est à noter qu'elle s'inscrit aussi dans une époque particulière, où la thématique abordée n'est pas une nouveauté. Il y a du Harry Potter dans Ceryll, un peu trop pour accrocher le lecteur.
De plus, souvent l'auteur tend à tirer à la page, rallonger son récit - peut-être dans l'espoir de soutenir des effets de suspens - et cela devient lassant à la longue.
Modesitt est un inventeur de mondes, un constructeur d'univers. Mais il a du mal à peupler ensuite ses créations de récits épiques et de personnages brillants.