La Montagne qui rêve

Né en 1977 à Rome, Cristiano Fighera a d’abord travaillé dans une librairie de bandes dessinées avant de se lancer véritablement en tant qu’auteur. C’est là qu’il rencontre Francesco Biagini de deux ans son cadet. Ensemble les deux Italiens créent le studio Abelard avant de signer leur première BD en France en 2007 chez Soleil avec ce Terra Inferno. A noter que l’année dernière, Cristiano a écrit son premier court métrage d’horreur.

La catastrophe de 1924

Un soir de 1924, une montagne extraterrestre se matérialise en plein cœur de Londres. D’une taille gigantesque et d’un aspect particulièrement horrible, elle rend fou la plupart des habitants et bouleverse à jamais le destin de l’humanité. Trente ans plus tard, deux aventuriers, Nadia et Seth, partent à l’assaut de la montagne pour en découvrir les secrets. Et tant pis si elle ne cesse de vomir des monstres terrifiants.

Physiquement dérangeant...

Avec ce premier album en français, Cristiano Fighera et Francesco Biagini ont choisi de mettre en images une sorte d’hommage à Lovecraft avec une montagne monstrueuse venue des étoiles. Ici la substance même de la montagne a la consistance de la chair comme si elle était véritablement vivante. D’ailleurs nos aventuriers croisent des structures qui ressemblent fortement à des yeux ou à des bouches et toutes sortes d’orifices. Résultat, des paysages étonnants et malsains, faits pour mettre le lecteur mal à l’aise. De ce côté-là, les intentions des deux auteurs sont respectées. D’autant que les cases sont peuplées de monstres dégoulinants et informes. Et pour en rajouter encore, Francesco Biagini donne même aux objets des colorations très sanguines comme cette salle de bains où les deux héros se retrouvent et dont les murs et la baignoire semblent tachés de sang, le tout souvent dans de grandes cases et une mise en page qui explose, comme un écho au chaos de ce premier tome.

Bonjour l’ambiance. A tel point que cela en devient vite usant et physiquement dérangeant pour le lecteur. Il y a trop de chaos dans cet album et pas assez de pauses pour souffler dans la lecture. Les deux auteurs ne nous accordent aucun répit. Malheureusement, devant cette débauche d’horreur et de chairs torturées, l’histoire passe au second plan. Dommage parce que le récit est lui aussi particulièrement étrange. On lui reprochera de ne pas assez en dire sur l’univers qui entoure cette montagne et sur les conséquences de son arrivée. Il y a encore beaucoup (trop ?) de mystères lorsque l’on referme ce premier tome qui est une grosse mise en place. Au final, certains courageux apprécieront l’expérience graphique. Les autres fuiront vers des albums plus classiques ne serait-ce que pour se reposer les yeux...