Christian
- le 31/10/2017
La Prophétie
Dans ce quatrième et avant-dernier album de la série, Ryan Harris, l’adolescent de la prophétie, est emporté dans la tourmente de la bataille entre les créatures alliées et les armées du maître des ténèbres. C’est ici que l’on mesure le mieux le plaisir jubilatoire que Jack Lawrence, l'auteur de Tigres & Nounours, a éprouvé à dessiner sa première série pour l’éditeur anglais AP Comics. Des monstres plus terrifiants les uns que les autres, plongés dans des combats titanesques. Des destructions massives. Des corps surmusclés en mouvement rapide, des dialogues en rafale entre deux carnages, les images parlent d’elles-mêmes et elles sont superbes.
Karlack : le retour
Tarnas Kerith a lancé les égrégores géants à l’assaut du tombeau de Karlack, le maître du mal, que des pouvoirs magiques vacillants retiennent encore dans un tombeau souterrain. Désormais les hordes de créatures, kankrollins, rats, vampires, corbeaux, dinosaures d’Halka, s’unissent pour faire face à Kerith qu’elles croyaient anéanti.
La bataille bat son plein et les créatures alliées sont peu à peu repoussées hors de Darkham Vale. Emporté dans ce maelström de violence avec ses amis, Molly, Troy, Garrick et Torna, Ryan se réfugie dans son manoir, à l’épicentre des combats. Là, Margaret Petley, sorcière gardienne du tombeau, perd son combat contre Kerith. Et la prophétie peut s’accomplir…
L’apocalypse selon Lawrence
Tandis que nos héros tentaient de rallier les derniers clans à leur cause, la guerre éclate. Des égrégores géants en furie détruisent tout sur leur passage. Les combats font rage. C’est l’occasion pour Jack Lawrence de donner le meilleur de son coup de crayon. Des membres hypertendus. Des muscles hypertrophiés. Des corps enragés. Jack Lawrence dessine à merveille les monstres surpuissants et difformes en mouvement. Mais son trait dynamique, extravagant, mi-manga, mi-Disney n’est pas le seul atout du dessinateur. Dans cet album, il utilise à merveille la force expressive des couleurs. Sur fond noir, dans un arrière plan sombre, symptomatique de la série, les couleurs donnent figure humaine aux héros, mais elles expriment surtout la violence, l’énergie destructrice et le choc des volontés surhumaines. S’il ne fallait citer qu’un passage, ce serait le combat de magiciens entre Margaret et Kerith où les éclairs bleus et violets éclaboussent les pages noires. C’est époustouflant. Les cadres des cases, successifs, parfois enchâssés les uns dans les autres, sans cesse déplacés, amplifient les mouvements, rendent l’alternance des plans plus efficaces et renforcent la dynamique cinématographique des scènes.
La traduction de Jérôme Wicky est efficace. La superposition de petits phylactères, leurs changements de contours ou d’arrière-plans, les onomatopées, l’insertion alternée d’emphases (caractères gras, polices plus grandes) dans les textes donnent également plus de force aux dialogues. La créativité de la mise en page des textes est à la hauteur de celle des cadres et des mouvements.
Un bel album, ténébreux mais regorgeant d’énergie, dont le rythme effréné pourrait dérouter ceux qui n’auraient pas lu les albums précédents. Un conseil : relisez les pour mieux suffoquer d’effroi dans les ténèbres.