Chien bleu couronné

Né en 1947, Raymond Milési partage son temps entre l’écriture et l’enseignement du français dans un collège. Sa bibliographie contient une demi-douzaine de romans dont Papa, j'ai remonté le temps (Grand prix de l’imaginaire catégorie jeunesse en 1991) et ce Chien bleu couronné, paru une première fois en 1991 au Fleuve Noir, et réédité par les éditions Eons. Hormis la trentaine de nouvelles qu’il a également publiées (dont trois ont été primées), il a dirigé une collection d’anthologies : Mouvance, qui compta huit numéros.

La Terre au plus mal

Depuis l’apparition d’une nouvelle planète dans le système solaire, les jours de l’humanité sont comptés. En effet, la Terre est sur sa trajectoire et, en 2078, il ne reste plus que quelques jours à vivre aux derniers hommes, contraints de rester enfermés dans des souterrains à cause de la pollution à la surface de la planète. Leur seul espoir :  remonter le temps pour aller chercher Gaspard, le seul humain à s’être rendu sur la mystérieuse planète.

Bien mené

La première remarque lorsqu’on lit ce court roman de Raymond Milési (155 pages), c’est qu’il a su assez bien mener son intrigue. Le récit est un véritable patchwork entre l’équipe de scientifiques qui mène l’expérience sur le temps, les deux cobayes revenus dans le passé et Gaspard, baladé depuis son retour de la planète entre différentes séquences temporelles. On est nous aussi baladé comme lui, cherchant à rassembler toutes les pièces du puzzle, et au début la compréhension est un peu difficile. Mais au final son histoire tient plutôt bien la route et notre curiosité croît au fil des pages, attendant avec impatience le dénouement final.

Cela fait maintenant dix ans que Raymond Milési n'a pas publié de roman de science fiction (mais il a notamment cosigné un roman de San Antonio en 2000 : Réflexions jubilatoires sur l'existence) et qu'il s'est fait rare dans le domaine de la nouvelle. A la lecture de ce Chien bleu couronné, on se dit dommage. Sans être une oeuvre majeure, elle a le mérite du divertissement bien méné de bout en bout. Il y a surtout un savoir faire indéniable et on devine un auteur qui aurait pu encore mieux s'exprimer s'il n'avait pas été contraint d'entrer dans le format de la défunte collection Anticipation du Fleuve Noir. Qui sait ce qu'il aurait pu faire s'il avait eu plus de place ? En espérant, maintenant que l'heure de la retraite a sans doute sonné pour lui, qu'on le reverra bientôt au sommaire d'une revue ou du programme d'un éditeur de SF.