Nocturne sur fond d'épées

Né en 1940, Daniel Walther a été l'un des personnages clefs de la SF en France dans les années 70-80. Ce journaliste fut directeur de collection pour le fameux CLA (Club du Livre d’Anticipation) mais aussi de Galaxie-Bis ou d’Aventures Fantastiques. Une carrière d’éditeur qu’il a menée en parallèle avec celle d’auteur, depuis son premier texte publié en 1965. Au total il a écrit plus de deux cents nouvelles et une quarantaine de romans et recueils aussi bien en fantasy, qu’en science fiction ou en fantastique. Il a d’ailleurs reçu à deux reprises le Grand Prix de L’Imaginaire. Les éditions Eons ont décidé de rééditer Nocturne sur fond d’épées, un livre publié initialement en 1984 dans la collection Néo et qui regroupait des nouvelles de fantasy dont les premières étaient parus au début des années 70 dans la revue Fiction.

Retour à la barbarie

Sur une planète retournée à la barbarie après la conquête des étoiles par les hommes, deux héros que tout oppose se retrouvent contraints de se côtoyer dans des aventures aussi grandioses que terrifiantes. D’un côté Synge, personnage cultivé et civilisé qui a été arraché de son monde raffiné pour atterrir sur cette planète barbare. De l’autre Brenne, guerrier aussi musclé que stupide qui aime surtout violer et massacrer à tour de bras. L’un convoite le royaume et la femme de l’autre. Mais le deuxième a besoin du premier pour réussir sa quête. Les voilà tous les deux partis ensemble de concert tout en sachant qu’au moindre faux pas, l’autre en profitera pour le tuer.

Marqué par le temps

Avec Nocturne sur fond d’épées, Daniel Walther s’est amusé à raconter les aventures de deux guerriers que tout oppose. Cette haine entre eux alors qu’ils sont obligés de se supporter est le seul véritable intérêt du livre, donnant un petit peu de suspens dans les passages clefs, chaque personnage pouvant aider l’autre ou en profiter pour l’achever. Malheureusement c’est bien là sa seule qualité.

Le reste apparaît un peu daté, poussiéreux sous le soleil des deux ou trois décénnies qui nous séparent aujourd'hui de leurs premières publications. Daniel Walther y rendait hommage aux héros de Fritz Leiber, Michael Moorcock ou Robert E. Howard, déroulant une fantasy faite de guerriers et de quêtes, d’aventures et de combats tout en oubliant d’explorer plus loin les sociétés traversées ou même la psychologie de ses personnages. C’est l’apologie de l’action pour l’action, sans véritablement de fond.

La lecture n’est pour autant pas désagréable, Daniel Walther ayant une véritable plume de conteur, égayant de quelques traits d’humour ou d’érotisme ses textes. Mais cela ne suffit pas à y prendre véritablement de plaisir. A force de multiplier les péripéties, on finit par survoler les pages de Nocturne sur fond d’épées qui, au mieux, est une curiosité pour ceux qui voudraient redécouvrir l’œuvre de Daniel Walther, au pire n'est que très dispensable.