Aspicman
On ne sait pas grand-chose de Michel Colline à part ce qu’en dit son éditeur, à savoir qu’il approche de la quarantaine, qu’il vit à Paris et qu’Aspicman est son second album. Le premier, Tueur de cochon, a été scénarisé par Olivier Lecerf et est sorti chez [treize étrange] en 2002.
La naissance d’Aspicman
Pierre Tambouille est un jeune adulte qui, pour la troisième fois de suite, rate le bac. Pressé par un père qui l’envoie faire un stage de comptabilité, il se considère comme un moins que rien. Mais une solution se dessine dans son esprit : inspiré par les comics de super héros, il décide de devenir lui-même un surhomme. Dans un zoo, il se laisse mordre par un aspic. Sa voie est trouvée : il sera Aspicman.
Entre caricature grossière et blague de potache
Michel Colline a sans doute baigné dans les comics de super héros dans sa jeunesse. En tout cas on sent dans cet album la nostalgie d’une époque où l’imaginaire adolescent se confronte à la dure réalité de l’âge adulte. Aspicman est donc à prendre comme un rêve d’évasion. Le problème, c’est qu’il manque totalement de maturité, comme s’il avait été pensé par un enfant de douze ans. Sans doute est-ce voulu, mais alors Colline ne s’adresse qu’à un public restreint de fans hardcore nostalgiques.
Tout d’abord les personnages sont des caricatures de caricatures : l’adolescent cancre, fan de comics, déconnecté de la réalité ; le père autoritaire, dominateur, obsédé par sa réussite et celle de sa descendance ; les femmes dominées, effacées derrière les mâles, qui pensent plus à leur cuisine qu’à leurs enfants ; et enfin le bureaucrate véreux, exerçant avec un plaisir malsain son pouvoir sur les faibles, symbole d’un système diabolisé à l’extrême. Trop c’est trop : la vision archi stéréotypée que porte Pierre sur les adultes et sur sa vie ne nous concerne pas. Son mal de vivre n’est jamais montré à travers des faits concrets, il nous est imposé artificiellement par ses pensées, si bien qu’on n’y croit pas un seul instant.
Reste un graphisme plutôt original et globalement adapté à l’histoire, ainsi qu’un humour qui ne se veut pas moqueur. La fin en pirouette confirme le côté tendre et drôle du scénario, mais transforme l’album en une simple blague de potache qui ne méritait pas un développement si long. Bref, une BD en forme d’hommage aux comics et à leur influence sur l’imaginaire adolescent, mais qui n’a que très peu d’intérêt.