La Terre du prophète pâle
Né en 1973 à Chatou en région parisienne, Virginie Augustin a d’abord travaillé pour l’animation et notamment pour les films de Disney comme Tarzan ou Hercule, ou pour France 3 pour Chasseur de dragons. Avec Alim le Tanneur, elle change son fusil d’épaule pour se consacrer à la bande dessinée avec au scénario Wilfried Lupano, déjà auteur de Little Big Joe.
Alim, esclave d’un sorcier
La vie est parfois une aventure tortueuse pleine de rebondissements. Dans les épisodes précédents, Alim tentait d’élever seul sa fille après la mort de sa mère tout en essayant d’échapper aux autorités qui le poursuivaient. Malheureusement, il finissait par être séparé de son enfant âgée d'à peine quatre ans...
Au début de ce troisième tome, dix ans ont passé. Dix années pendant lesquelles Alim s’est retrouvé esclave d’un sorcier dans le désert jusqu’à qu’il soit récupéré par le chef d’une caravane marchande. De nouveau libre, il va reprendre sa quête pour retrouver la trace de sa fille. Mais les choses ont bien changé en une décennie.
De la douceur, et pourtant
On avait insisté lors des chroniques des deux premiers albums sur la douceur du trait de Virginie Augustin. Une douceur qui est toujours aussi présente dans ce troisième volume, bien accompagnée par une colorisation qui donne une ambiance assez chaude et agréable à regarder. D’autant que le trait de Virginie Augustin est assez précis et qu’on y sent beaucoup d’application. On notera au passage quelques planches qui font un peu penser à Caza dans le choix des visages ou des décors. Et si elle sait dessiner des personnages très sérieux et marqués, certains comme le sorcier qui a retenu Alim pendant dix ans ont des bouilles regorgeant de tics et d’expressions faciales comiques.
Du côté de l’histoire, cette douceur contraste avec la relative dureté du récit. A bien y regarder, si le graphisme est douceâtre, c’est tout de même l’aventure d’un veuf, retenu dix ans dans une cage et séparé de sa petite fille qui a grandi à l’autre bout du monde. Wilfried Lupano nous parle aussi de la solitude du pouvoir, de la folie et de la cruauté des hommes. On est loin d’une petite série inoffensive. Et ce n’est pas pour nous déplaire. Des grands drames naissent souvent les grandes histoires. Cela se vérifie une nouvelle fois ici. Comme pour les deux premiers tomes, on est vite pris par le récit qui a en plus le mérite de nous emmener sur des Terres exotiques et assez éloignées du début de la série. Le bilan est donc remarquable. Voici sans doute une des meilleures séries de fantasy aujourd’hui en BD.