Pretties
D’origine texane, Scott Westerfeld vit entre New York et Sydney où il exerce les métiers de compositeur de musique électronique et de concepteur multimédia. Il est l’auteur de L’IA et son double (Flammarion) et d’un space opéra médiocre (Les Légions immortelles) qui a inexplicablement reçu le prix Philip K. Dick en 2000. Pour la jeunesse, il a également publié récemment V-Virus chez Milan. Pretties est le second tome de sa trilogie Uglies dont le quatrième opus - fait rare pour une trilogie - vient de paraître aux Etats-Unis.
Tchao les problèmes de peau !
Dans le monde où vit Tally, tous les adolescents subissent à l'âge de 16 ans une opération de chirurgie esthétique destinée à les rendre physiquement parfaits. Ils passent alors du monde des Uglies (les moches) à celui des Pretties (les beaux). Après quelques péripéties, Tally a enfin pu subir l'Opération : non seulement sa beauté dépasse tout ce qu'elle avait pu imaginer, mais son passé de rebelle dont elle n'a qu'un vague souvenir fait d’elle une des filles les plus populaires de New Pretty Town. Tous ses rêves sont enfin devenus réalité et elle file le parfait amour avec son petit ami. Jusqu'au jour où elle reçoit une lettre, écrite de sa propre main, lorsqu'elle était Ugly. Elle y apprend que l'Opération ne modifie pas que son apparence, mais aussi son cerveau, la rendant stupide et indolente, et qu'elle n'a choisi de subir l'Opération que pour pouvoir tester un remède. Elle peut donc prendre le remède quand elle veut, mais est-elle pour autant prête à abandonner sa vie de rêve pour des idéaux ?
La plus belle façon d'être moi
Malgré des couvertures de plus en plus hideuses, on retrouve avec le même plaisir la série Uglies et les aventures de la jeune Tally. On en apprend plus sur cette société originale où la prédominance de l'apparence n'est finalement qu'un prétexte. On découvre ainsi le monde des jeunes Pretties, où règnent le luxe, la mode et l'indolence, où la fête bat son plein en permanence. Mais on croise également les Specials, une nouvelle caste qui évolue dans l'ombre, et dont la tâche est de s'assurer que tout à New Pretty Town reste sous contrôle, et que rien ne dérape.
Dans cette série de science-fiction apparemment très innocente, Scott Westerfeld tisse en réalité une métaphore de l'adolescence, avec une étonnante subtilité et beaucoup d'intelligence. En dépeignant un monde basé sur l'apparence et sur la recherche de la popularité, il invite ses lecteurs à s'interroger sur quelques questions cruciales qui traversent cet âge intermédiaire. Qu'est-ce qui fait l'identité de chacun et nous distingue les uns des autres ? Comment devient-on soi même ? Ainsi, la Tally qui a écrit la lettre, moche et pleine d'esprit, est-elle vraiment la même que celle qui la reçoit, devenue belle mais sans souvenir de sa vie passée ?
Malheureusement, ce second tome déçoit quelque peu après le premier qui, lui, était une vraie réussite. L'héroïne, qui était dans le premier tome sans scrupule et prête à tout pour parvenir à ses fins, est ici beaucoup plus prompte à abandonner son intérêt au profit de ses idéaux. L'intrigue est plus longue à démarrer, les scènes d'action plus délayées et l'ensemble orchestré avec moins de talent. Au final, ce second volume apparaît plutôt comme un tome de transition entre le premier et le troisième, et pose plus de questions qu'il n'en résout.
Pretties reste malgré tout un bon roman de science-fiction jeunesse. On attend donc avec impatience Specials, troisième tome de la série, à paraître le 21 février prochain.