L'Elève du magicien
Née en 1953 et bercée depuis toujours par les histoires qu’on lui raconta jadis à Tousnina, sa ville natale des hauts plateaux du sud ouest algérien, Nora Aceval finit par délaisser son poste d’infirmière, reprend des études de lettres et rédige un mémoire sur les contes de son enfance. Soucieuse de préserver cet univers fragile, elle transmet à son tour ce précieux savoir dans les écoles, les théâtres, les bibliothèques, ainsi qu’à la radio. Parallèlement à cette activité orale et entre autres articles et essais sur ce sujet, elle publie trois recueils et plusieurs bandes dessinées pour la jeunesse.
Les dessins de l’ouvrage sont d’Emre Orhun. Né en Chine en 1976, il émigre en Europe, voyage beaucoup et obtient son diplôme à l'école Emile Cohl de Lyon. On lui doit les illustrations chez Actes Sud Junior de deux contes de Nacer Khémir, Le Chant des génies et La Quête d'Hassan de Samarkand, ainsi que, en livre-CD, Peer Gynt.
Va, apprends, et deviens
Il était une fois une pauvre maman qui avait donné le jour à un enfant si brillant qu’on l’appela Fahim « l’intelligent ». Un jour, elle décida de le mettre à l’école et rejoignit une Merdesa de l’autre côté des montagnes, une grande ferme où un mystérieux professeur accepte Fahim à condition qu’il paie sa formation en s’occupant des bêtes… Désavantagé, Fahim s’obstine et brille malgré ses obstacles quotidiens. Mais un jour il se rend compte que son maître est en fait un magicien…
Quand l’élève dépasse son maître
A la faveur de la nuit, Fahim se noie dans les livres et découvre les sept niveaux du savoir. Sept, le chiffre de la perfection, tandis que son professeur s’adonne en secret aux invocations des djinns (qui sont les démons selon la religion musulmane), et transforme ses élèves en mulets le temps des labours… Ainsi, c’est dans un monde pétri de superstitions que Fahim tente d’atteindre l’érudition, et il devra faire preuve de beaucoup d’imagination pour recouvrer la liberté et construire sa vie…
Outre sa poésie, ce conte est une belle métaphore de l’endoctrinement qui tient lieu d’éducation dans bon nombre de pays, et une introduction poétique à la critique du travail des enfants.
Splendeurs du Maghreb
L’atmosphère onirique de L’Elève du Magicien est parfaitement retranscrite par les dessins d’Emre Orhun, qui utilise la technique de la carte à gratter. Apreté des cieux, sécheresse de la terre, cette méthode rend parfaitement les textures et rendent sensible la beauté plastique de l’Algérie. Côté couleurs, des gammes articulent les différents univers du livre : ocres des terres brûlées, bleu des milles et une nuit, verts surnaturels des rituels magiques, la palette est parfaitement maîtrisée.