Come Back
Jeune dessinateur Nantais, Brüno est connu pour son coup de maître : Nemo. Une série qui renouvelle complètement le monde de ce personnage fabuleux. On a pu également admirer son style si particulier dans Biotope et Michel Swing. Mais il sait aussi raconter des histoires et concevoir des scénarios sur mesure (Inner City Blues et Voltige et Ratatouille). Pour Junk, il s’est lancé dans l’aventure avec Nicolas Pethier, un scénariste qui a signé Ratafia, Voies Off, Woody Allen ou bien encore Tito Puente, ces deux derniers titres appartenant à la collection consacrée au jazz chez Nocturne. A noter que les deux hommes travaillent aussi sur un diptyque également pour la collection Treize Etrange de Milan.
Vieux gangsters pour coup fumeux
Longtemps associés dans la bande des Jersey Cowpunchers, les six membres ont tracé leur route pendant quinze ans, empruntant des voies souvent très différentes les unes des autres. Jusqu’à ce que la figure principale de la bande, Hank, ne décide de les convoquer pour une dernière aventure ensemble au far west. Une dernière aventure qu’ils devront réaliser malgré leurs rhumatismes et l’âge qui n’a pas forcément adouci leurs caractères. Mais Hank n’est-il pas en train de tous les manipuler ?
Du pur western
Pur western sans rien de fantastique, ce premier tome de Junk est emballant. D’abord parce que les retrouvailles de ces six vieux briscards sont plutôt touchantes. Dès le début, Nicolas Pothier nous explique qu’Hank veut surtout régler ses comptes avec eux et retrouver celui qui les a trahis il y a quinze ans. Pourtant, cela ne pèse pas franchement sur le scénario de ce premier tome. C’est comme une ombre qui plane sur le récit, annonçant une fin dramatique, sans empêcher les rires et la bonne humeur. Pour l’heure, c’est plutôt la joie des complices retrouvés qui domine. Et on apprécie les facéties de ces baroudeurs (avec une baroudeuse dans l’équipe) que le temps n’a pas épargnés, tout en contemplant avec bonheur la manière dont les liens entre eux se recréent. La recette est connue scénaristiquement parlant, mais ici elle est appliquée avec succès.
Du côté des dessins, on l’a dit, le style de Brunö est assez particulier. Son trait est très épuré, ne laissant guère la place aux détails. Deux traits parfois suffisent à donner une expression à ses visages. Pourtant, c’est assez agréable à suivre et sa simplicité est suffisante pour faire passer toutes les émotions des personnages et l’enjeu de chaque scène. Et tant pis si les décors sont du même acabit, sans fioriture. C’est assumé et c’est bien fait.
Au final, voici un premier album intelligent et passionnant. On en redemande !