Une Chaussette dans la tête

Trigger est le titre original du roman de Susan Vaught « psychologue spécialisée en neuropsychiatrie. » Paru aux États-Unis en 2006, ce roman est traduit par Amélie Sarn et devient pour Macadam Milan Une chaussette dans la tête.

Jersey cherche des réponses.

Après une année à déménager d'hôpital en hôpital, Jersey Hatch peut enfin rentrer chez lui. « Vous avez eu beaucoup de chance » lui ont répété les médecins. Pourtant, il a perdu l'usage d'un œil, d'un bras, d'une jambe, tous du côté gauche. Atteint de lésions au cerveau, il a beaucoup de mal à s'empêcher de prononcer les mots qui lui passent par la tête et ressent parfois des douleurs insupportable. Pour couronner le tout, Jersey a tout oublié de l'année qui a précédé son accident. Mais quel genre d'accident était-ce ? A-t-il réellement reçu une balle dans la tête ? Pourquoi les gens de son entourage, entre ses parents qui se déchirent et son meilleur ami qui refuse de lui parler, se comportent-ils si bizarrement à son égard ?
C'est en étranger que Jersey Hatch va explorer sa propre vie, bien décidé à trouver dans le passé l'explication de son état présent et, peut-être des bases pour une vie future.

Dans la tête de Jersey Hatch

Que deviennent ceux qui ne meurent pas après avoir reçu une balle dans la tête ? Ce qu'ils vivent, on le découvre de l'intérieur grâce au choix de Susan Vaught de mener sa narration du point de vue de Jersey. Elle parvient à rendre palpables ses difficultés à penser et à s'exprimer, ses douleurs, son handicap et son désir de comprendre. Embarqué dans la tête abîmée de l'adolescent, on tâtonne avec lui, on souffre comme lui des regards malveillants, on s'attache aux détails qui vont l'interpeller, on tremble pour l'avenir, on pleure aussi, parfois.

Qui suis-je ?

Ce roman étrange et puissant aborde avec une voix originale les thèmes classiques de l'adolescence : l'amitié, la différence, le lien avec le monde adulte, la difficulté d'être et, bien sûr, le suicide. On regrettera l'ajout d'une note de l'auteur, jugée indispensable sans doute, sur les chiffres du suicide chez les jeunes et les risques de handicaps irréversibles pour ceux qui s'y prennent mal. Le message de la fiction avait-il réellement besoin de l'appui du réel pour être percutant ?
À côté de cette problématique du suicide, une autre nous paraît essentielle, celle de l'identité.
Partant de la question « Qui étais-je ? » qu'il va tenter de résoudre à travers ce qui lui était cher et ses activités d'alors, Jersey se heurte à l'autre, celle qui compte vraiment : Qui suis-je ?
Que va pouvoir faire de sa vie cet adolescent diminué physiquement et intellectuellement ?
À partir des ruines de son ancienne existence et en s'appuyant sur les regards des autres, apitoyés, hostiles ou bienveillants, Jersey Hatch cherche à se construire, puisqu'il ne peut revenir en arrière.

Pour l'originalité du ton, pour la justesse du point de vue choisi, cet ouvrage bouleversant est de ceux qu'on n'oublie pas de sitôt. Un roman à faire connaître !