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Abarat

Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 31/01/08  -  Livre
ISBN : 9782253124221
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Benjamin   - le 27/09/2018

Abarat

Clive Barker a une longue et riche carrière derrière lui. Touche à tout qu’on ne présente plus, rentrons dans le vif du sujet, parlons de son Abarat, conte pour adolescent réédité tel quel pour adulte. Premier tome ( sur les quatre prévus et dont deux sont déjà écrits-traduits) de cet ouvrage d’urban fantasy dont la présente nomenclature peine à cibler la richesse de l’entreprise. Et tout le défi d’Abarat à l’origine est peu-être de proposer aux jeunes, non pas qu'une simple initiation à la Fantasy, mais une expérience exprimant la quintessence du potentiel et des charmes du "merveilleux moderne".

Candy Quacken Bush et les Vingt-Cinq îles d’Abarat.

« L’orage vint du sud-ouest, tel un démon traquant sa proie sur ses pattes de foudre»

Ainsi s'ouvre le prélude. Trois femmes, réunies pour atteindre un but obscur, naviguent dans un monde inconnu, attaquées par les cieux à coups de météorites.

L’histoire prend rapidement place à Chickentown dans le Minnesota, où nous suivons une ado de 16 ans, Candy. De sa ville barbante du Midwest américain, elle doit, pour un devoir, découvrir dix événements marquants. Sa recherche finit dans un motel glauque où elle apprend le récit du suicide étrange d’un fou attendant la mer. Cet homme, qui avait donné par le passé son premier nom à la ville, se pensait dans un port. Fascinée, elle retranscrit l’anecdocte macabre dans son devoir et se voit fustigée par sa professeur. S’oubliant elle dessine des marques étranges sur son manuel scolaire. La goutte d’eau qui la mène chez le proviseur pour faire constat de ces vagues successives. Au lieu de cela, sa lubie la fait fuir le lycée et marcher " tout droit ".

Bercée par l’illusion de cette liberté de courte durée, Candy arrive à la limite de la ville et traverse les champs. Chickentown perdue de vue, elle remarque un clocher, et rencontre une créature effrayée, John Canaille, avec sept autres petites têtes sur le crâne. Alors que les "huits-personnages-en-un " requièrent l'aide de Candy pour qu'elle monte en haut du clocher décrépi, le sujet des peurs de Canaille apparaît : Mendelson Morphe. Candy prend de vitesse la créature glaçante et profite de son poids pour grimper par les escaliers en perdition. Là Haut, Candy peine à comprendre le mécanisme ésotérique que lui a demandé d'actionner Canaille. Le décharné Mendelson Morphe la rattrape tranquillement avec ses lames qui lui sortent du dos. De justesse Candy comprend le focntionnement du mécanisme au sommet de cette tour, qui est en vérité un phare...

.... Mendelson Morphe, peiné et atteré par ce qu'elle a fait, perd un court moment le goût du sang et de la poursuite. A l'horizon, une mer galopante gronde et recouvre les champs du Minesota. Non sans mal, Candy parvient à s'enfuir avec John Canaille sur l'Izabella - car cette mer, paraît-il, vivrait. D'un coup de pistolet, le mécanisme est inversé, et la mer se retire en...

...Abarat... là où le Temps est de l'Espace. En effet les vingt-cinq îles majeures sont autant d'heures du cadran : chaque île fige une heure. La mystérieuse Vingt-cinquième Heure étant celle Hors-du-Temps.

...Abarat... là où notre monde est une légende que l'on nomme Outremonde.

...Abarat... là où Candy Quackenbush va vivre mille et une péripéties dans un décor fantasmagorique. Là où elle se sentira étrangement plus chez elle que nulle part ailleurs.

...Abarat...le terrain qu'a choisi Clive Barker pour laisser libre cours à ses talents de conteur.

Sur Ces Mots

Je dirais que l’effroi peut côtoyer l’humaine chaleur d’une seconde à l’autre, que les paysages sont emprunts de rêverie, le bestiaire imaginatif, la dramaturgie riche et réfléchie dans le cadre d’une historie d’aventure pour adolescent, que le sentiment de l’épique nous effleure dans ce paysage surdimensionné.

Jusqu’à la moindre citation inventée en préambule des parties, l’ouvrage est méticuleusement taillé. Clive Barker intègre et fusionne son monde fabuleux avec ses peintures sensibles, envoûtantes, pleines de matières. Elles font un avec le récit. Chaque dessin arrivant à point nommé, plaçant une ambiance, renforçant l’angoisse d’une péripétie, et c’est un réel régal de sentir que chaque page où sont exposées ces œuvres graphiques a été composée en fonction du récit.


La tétralogie Abarat reste inachevée à ce jour, toutefois le talent et la maîtrise qui se dégagent de l'ouvrage premier nous permet de la considérer comme une oeuvre rare et magnifique, l'une des plus matures et créatives du genre. Clive Barker surprend et se renouvelle ; la fertilité et l'intelligence de son imagination lui assurant sa place au panthéon restreint des maîtres de l'imaginaire.

« Trois est le chiffre de ceux qui font œuvre sacré ;
Deux est le chiffre de ceux qui font œuvre d’amour ;
Un est le chiffre de ceux qui font le mal, ou le bien, absolu. »


Commentaires d'un moine anonyme
de l'ordre de Saint-oco

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