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La Malédiction du rogue

Isabelle Troin (Traducteur), Stephen R. Donaldson ( Auteur), Lynn K. Plagge (Illustrateur de couverture)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 31/01/08  -  Livre
ISBN : 9782266178297
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Magda   - le 27/09/2018

La Malédiction du rogue

Non, l’équipe d’ActuSF n’est pas plus particulièrement obsédée par Stephen Reeder Donaldson. C’est juste que les sorties (trop longtemps retardée) des rééditions de ses deux séries les plus célèbres, la trilogie de fantasy Les Chroniques de Thomas l’Incrédule et le premier épisode du space opera La Véritable Histoire tombent quasiment en même temps, bien qu’il s’agisse de deux maisons d’édition différentes, Mnémos et Le Pré aux Clercs. Eric vous ayant chaudement recommandé le second, je crois que je vais faire de même avec le premier… Je peux même au passage vous glisser un mot de recommandation pour son autre trilogie de fantasy, L’Appel de Mordant, bien qu’étant un chouilla classique.

Les Chroniques de Thomas l’Incrédule (Lord Foul’s Bane, 1977), donc, sont enfin rééditées (les deux éditions précédentes, chez Flame en 1985 et chez J’ai Lu, en 1987, étaient quasiment introuvables depuis un bon bout de temps), avec une nouvelle traduction d’Isabelle Troin, et sous un nouveau titre, La Malédiction du Rogue. On peut espérer que suivront les volumes 2 et 3 de la trilogie, tout aussi difficiles à se procurer en français, Le Réveil du Titan (1985 pour la traduction française de The Illearth War, 1977) et L’Eternité Rompue (1988 pour la traduction française de The Power That Preserves 1977).

Impur…

Thomas Covenant a la lèpre. Il ne vit pas dans un pays où cette maladie est courante, mais dans une petite ville des Etats-Unis. Pourtant, malgré les connaissances sur la maladie, malgré la faible transmissibilité, malgré les cures existantes, les réactions sont les mêmes : incompréhension, peur, rejet, voire franche hostilité. Sa femme demande le divorce en emportant leur fils, il perd plusieurs doigts... Et c’est loin d’être le pire. Pour survivre et ne pas se retrouver plus mutilé qu’il ne l’est déjà, il doit être continuellement vigilant aux signaux de son corps, mais également à ce qu’il ressent, et rejeter tout espoir de guérison. Mais soudain, l’impossible se produit…

Classique… avec quelque chose en plus

Avec une trame très classique, le héros qui a été enlevé à notre monde pour être projeté dans un univers de fantasy où il est le seul espoir de la population contre le seigneur des ténèbres (je ne vous ferais pas l’affront de vous faire une liste des romans ayant exactement le même point de départ), Stephen Donaldson parvient tout de même à bâtir un roman original grâce à son héros. Thomas Covenant est un être hors du monde (que ce soit le nôtre ou celui dans lequel il est transporté), comme l’était déjà Tessa dans L’Appel de Mordant. Cependant, si le lecteur pouvait éprouver une certaine sympathie pour celle-ci malgré sa passivité, il est difficile de compatir sur le sort de Thomas. Mais cela le rend également crédible, d’une crédibilité et d’un intérêt d’un type largement inédit en fantasy.

Thomas n’est pas un méchant qui gagne la rédemption par ses actions. Pas non plus un de ces héros qui courent partout en se demandant qui ils vont bien pouvoir sauver. Tout ce qu’il fera, c’est à son corps défendant, parce que c’est devenu, pour lui, littéralement une question de survie à cause de sa maladie (dont la description est très réaliste, et probablement tirée de souvenirs de jeunesse, le père de Stephen Donaldson ayant soigné les lépreux en Inde), mais également à cause d’une aigreur et d’une rancune envers l’univers tout entier. Projeté d'un monde où tous le rejettent dans un monde où il est accepté, considéré comme un héros, il commence son séjour par un acte innommable. Puis il refuse d’essayer d’obtenir sa rédemption, d’accepter quoi que ce soit, voire d’espérer, et persiste dans cette attitude d’un bout à l’autre du roman, au point de faire monter l’irritation dans le lecteur le plus patient : mais cela fait partie du jeu… Un roman à part dans l’univers de la fantasy classique, et un livre dont on se souvient longtemps.

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