La Belle et la Bête

Patrick Sobral est un passionné de mangas. Malgré des débuts de dessinateur particuliers (sur porcelaine), il est devenu un auteur reconnu de bandes dessinées grâce à sa série pour enfants Les Légendaires. Avec son nouvel album, La Belle et la Bête, il s'adresse à un public plus mûr, délaissant son humour habituel pour un dessin et un scénario plus sombres.

Une belle... et une bête !

Il était une fois... un village reculé dont les habitants avaient commandé à un sorcier un moyen d'enrichir leurs terres. Mais au lieu d'obtenir ce qu'ils souhaitaient, une horrible créature était née, une bête faite de bois et d'humus. Elle leur interdit dès lors l'accès à la forêt et au château du mage.

Même les meilleurs chevaliers échouèrent à tuer le monstre qui ne faisait que se renforcer à chaque meurtre. Alors les villageois formèrent l'une d'entre eux à combattre, grâce à la magie et l'épée. Elle sut charmer la bête et se faire accepter au château. Il ne lui restait plus qu'à tuer la bête et à récupérer l'artefact qui assainirait les terres de ses parents. A moins que la réalité ne soit toute autre...

Superbes dessins !

Tout d'abord, bravo à l'artiste pour les dessins. Sobral a su non pas recopier le style des graphismes mangas japonais, mais s'en inspirer pour les transcender, les transformer en autre chose... Son propre style, ses codes personnels, une sorte de pont entre le Japon et l'Europe. Et le résultat est parfaitement réussi, la fusion prend bien.

Il nous emporte dans un univers sombre et désespéré, où seule la beauté de la Belle apporte une lumière et une clarté qui pourrait, on le sent bien, vaciller et s'éteindre. Ou alors allumer la flamme dans le cœur de la Bête et ramener le soleil sur le monde.

Un scénario sans faille

Ce qui est vrai du dessin l'est aussi pour l'histoire. Partant du mythe bien connu et archi-rabâché, l'auteur en fait une histoire bien à lui, finalement sans trop de points communs avec l'original. Il le tord et le plie à sa volonté. Il se sert de notre connaissance des personnages pour retourner les situations, nous mettre en porte-à-faux avec ce que nous attendons. Et enfin terminer avec une chute magnifique.

Il serait dommage de passer à côté de cette histoire qui a priori ne paye pas de mine mais qui montre un grand talent d'auteur complet de bandes dessinées.