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Maître

Andrea Rosseto (Dessinateur), Alex Nikolavitch (Scénariste)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 23/03/08  -  BD
ISBN : 9782731621341
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Lavadou   - le 27/09/2018

Maître

Alex Nikolavitch est un scénariste né en 1971. Il est l’auteur de Central zéro (Soleil), Spawn : Simonie (Semic), La Dernière cigarette (La Cafetière/Vertige Graphic) et L’Escouade des Ombres (Les Humanoïdes Associés). On peut obtenir plus d’informations sur ses travaux sur son site internet.

Maître est le dernier volume de la série Tengu-Do, dessinée par l’italien Andrea Rossetto. Il a auparavant colorisé quelques albums, dont Romano chez Vents d’Ouest ou Gemelos chez Bamboo.

Le destin est sans merci

À la fin du précédent tome, nous avions laissé le Ronin, enfin libéré de son destin, avec l’avenir devant lui et l’espoir de trouver sa place dans le monde. Il s’installe ainsi dans le village d’un ancien ami vétéran, Toshi, et aide aux travaux des champs malgré son statut de guerrier. Mais d’étranges oiseaux viennent rôder autour de lui. Ils semblent être les messagers du tengu, que le Ronin a pourtant vaincu. Et si le destin était encore plus cruel qu’il n’y paraît ? Et si le Ronin n’en avait pas fini avec lui ?

« Donc voilà, la boucle est bouclée, et d’une certaine façon, nous ne sommes pas plus avancés. Et c’est aussi ça, la nature des boucles. »

C’est ainsi qu’Alex Nikolavitch conclut la série Tengu-Do dans le désormais traditionnel making-of à la fin de l’album. Un album qui clôt parfaitement cette trilogie avec habileté, en évitant les pièges des paradoxes temporels et en réservant, de surcroît, une ultime surprise remettant en perspective certains éléments que l’on pensait acquis. Entre cette ouverture finale et la beauté figée d’un destin accompli et inévitable, Maître confirme le talent de son auteur. Au-delà de la maîtrise purement scénaristique de Nikolavitch, cet album creuse le thème de la quête d’identité et d’une place dans le monde – même si de ce point de vue ce troisième tome est un peu moins consistant que le second, l’auteur ayant dû batailler ferme pour agencer les pièces d’un puzzle temporel si complexe.

On notera en particulier l’impossibilité pour le Ronin de se convaincre soi-même qu’il peut échapper au destin. Certes, les événements ne lui laissent pas vraiment le choix, mais il n’y a qu’à voir son bonheur, au début de l’album, à l’idée de reprendre la route même pour un court instant, pour comprendre qu’en lui-même il aime cette vie de déambulation et accepte sa prison avec moins de réticence qu’il ne le montre. Partagé entre le désir de se poser et celui de continuer sa route, il n’arrivera jamais vraiment à trouver son identité. Lorsqu’un villageois lui demande qui il est, il ne peut que répondre : « Cela, je ne le sais parfois plus moi-même ». Et la fin, surprenante, ne fera qu’ajouter au trouble du personnage aussi bien que du lecteur.

Côté dessin, on sent un léger relâchement, qui se manifeste notamment par des décors un peu moins précis que dans les tomes précédents. Mais dans l’ensemble, le graphisme reste d’un bon niveau, et le découpage est toujours aussi efficace. Rossetto et Nikolavitch parviennent à nous faire comprendre un certain nombre de choses non dites (les déplacements temporels, la façon dont le Ronin reconnaît certains personnages…) grâce à des enchaînements subtils ou des cases particulièrement réussies.

Une très bonne série

Ce troisième opus confirme la bonne impression que nous avait laissée le deuxième. Tengu-Do, après un démarrage un peu lent avec Disciple, acquiert sens et cohérence dans Ronin pour finir de très belle manière dans Maître. Globalement, le graphisme est agréable et convient bien à cette fable fantastique qui a gagné sa place dans le haut du panier du manga européen.
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