Les Maîtres de l'évasion
Dans la cohorte des scénaristes de comics américains, Brian K. Vaughan n'est pas tout à fait un inconnu. De lui on a pu notamment lire en France la série Y : le dernier homme ainsi que Swamp Thing et des épisodes de Batman. Il est également, côté télévisuel, le scénariste de la série Lost. Avec Les Maîtres de l'évasion, il s'inspire d'un roman de Michael Chabon (récent prix Hugo pour Le Club des policiers yiddish), Les Extraordinaires aventures de Kavalier & Clay. Il est accompagné dans l'aventure par Steve Rolston, jeune dessinateur d'une trentaine d'années qui a fait ses armes dans le dessin animé avant de s'orienter vers le comics. Un parcours salué par un Eisner Award (prestigieux prix de la bande dessinée américaine) pour sa participation à la série d'espionnage Queen and Country.
Trois amis et une mission : faire revivre L'Artiste de l'évasion
À la mort de son père, Maxwell décide d'investir tout son héritage dans l'achat des droits d'un des héros du défunt : L'Artiste de l'évasion. Avec ses amis Case et Denny, il se lance dans cette aventure un peu folle pour faire revivre ce héros des comics des années 30 et lui offrir de nouvelles aventures. Mais les grandes maisons d'édition ne voient pas d'un très bon œil cette petite bande d'indépendants. Surtout quand ils commencent à avoir un peu de succès et à mettre en œuvre une idée originale de « faire du buzz » et de créer l'événement autour de la BD. Très vite Maxwell se rend compte que la véritable aventure, ce n'est pas d'imaginer celles de L'Artiste, mais de survivre dans le milieu impitoyable des éditeurs.
Le mérite de la fraîcheur
Cette histoire de Brian K. Vaughan a le mérite de la fraîcheur, celle de ses jeunes héros qui se lancent dans un projet passionnant mais terriblement compliqué. La mise en abîme est une idée absolument géniale, dévoilant les coulisses de la fabrication des comics et détournant le propos habituel du super héros avec malice. C'est véritablement bien vu et l'on est accroché dès les premières pages, vivant avec eux chaque étape, des planches qu'ils imaginent aux premières critiques de la presse ou aux premières commandes des lecteurs.
Un coup de maître avec en prime une narration du récit des trois amis rythmée par des planches des nouvelles aventures de L'Artiste de l'évasion. Celles-ci sont d'ailleurs bien plus jolies et détaillées que l'histoire principale, avec plus d'ombrages et de lavis. Elles sont même souvent assez superbes. Et c'est sans doute un des petits reproches que l'on fera à ce comics. La différence de style ne serait pas gênante si celui utilisé pour les trois amis n'était un rien simpliste, plat et pour tout dire décevant par rapport aux planches de la BD qu'ils imaginent. Un couac dans ce qui est par ailleurs une réussite, drôle et intelligente. Un excellent comics.